• Description physique : Jaina est une femme qui passerait inaperçu si seulement son physique androgyne n'attirait pas le regard et n'excitait pas l'interrogation des passants. On la détaillait globalement, fronçant les sourcils sur cette femme de taille moyenne, les cheveux coupés courts, laissant apparaître quelques mèches blondes. On s'attarde sur sa silhouette fine, les muscles se dessinant légèrement sous sa peau, sur son pas nonchalant, sur son habillement situé entre les deux sexes, un jean noir, une chemise blanche, le col entrouvert, une cravate, quand elle n'est pas en uniforme, qui n'avait que peu varié durant sa formation : un simple costume lorsqu'elle était agent du FBI, une chemise bleue avec l'écusson de la police, le treillis noir et les rangers, sans oublier le lourd ceinturon où son arme, ses menottes, sa matraque, sont fixés. Ensuite, l'analyse de détails. Ses lèvres fines, souvent serrées en une ligne décidée, son visage aux traits un peu durs, des joues minces, des mèches qui tombent sur son regard. Et cette particularité : ce regard vairon, sa pupille gauche bleue, l'autre brune, qui a mis mal à l'aise bien des gens, incapables de se fixer sur un des yeux à regarder. Un regard inquisiteur, expressif, qui change de couleur en fonction de ses humeurs. Une fois que l'on se soustrait à la fascination de son regard, on remarque ses quelques autres particularités, ses tatouages, sur l'intérieur de son poignet et l'albatros qui vole derrière son bras gauche. Et l'énorme dragon qui vole le long de son échine musclée, dont la tête repose sur le haut de son épaule et la queue s'enroule le long de ses hanches.
  
• Qualités : C'est une jeune femme profondément attachée à ses principes, à des valeurs élémentaires, comme la justice ou l'amitié, aussi désuet semble-t-il. D'ailleurs, c'est bien parce que c'est désuet qu'elle y attache tant d'importance : car plus personne dans ce monde ne semble être un parangon d'humanité. C'est quelqu'un d'extrêmement fidèle et droit. Elle peut paraître sévère par moments, notamment dans ses missions, c'est simplement son sens des responsabilités qui dicte ses actes : avec l'expérience du terrain qui est la sienne, elle a déjà vu trop de gens de qualité mourir au combat. Elle est aussi attentionnée, presque timide, quand il s'agit de flirter, et protectrice au possible. Elle est érudit, maîtrise parfaitement l'anglais et le français, et on dit d'elle qu'elle a un grand coeur.
  
• Défauts : Elle n'est pourtant pas dénuée de défauts. Ils viennent principalement de l'expérimentation initial d'Umbrella, qui a fait d'elle un être surhumain, mais aussi instable. Elle est parfois en lutte contre elle-même pour conserver le contrôle et ne pas céder à la facilité de se soumettre à Umbrella pour gagner encore plus de pouvoirs, des moyens illimités, pourvu qu'elle obéisse aux ordres. Ses méthodes expéditives sont parfois mal vues des autorités supérieures, malgré ses promotions successives. Son autorité propre, sa sécheresse de ton lorsqu'elle est en service, la font passer pour pragmatique, et nombreuses sont les rumeurs de couloirs qui la surnomment "L'Ouragan Russe", critique ad hominem s'il en est, sur les origines russes de sa mère : l'Ouragan Russe ne se préoccupe pas de ses troupes, juste du rendement, il fond sur l'ennemi et rares sont ceux qui en ressortent et surtout, l'Ouragan bosse seule ou en duo. Elle a bien dû gérer des hommes à Racoon, mais ce n'est décidément pas sa tasse de thé.
  

La nuit était lourde pour le major D'Arcy. Elle s'agitait dans le lit double qu'elle occupait, au dernier étage d'un immeuble de Los Angeles. C'était provisoire, bien sûr, elle n'avait rien à faire à LA. Il était environ 4h30 du matin, la ville était illuminée d'une multitude de pastilles multicolores, les phares des voitures, les lampadaires, les feux de signalisations, les enseignes des bars. Elle était en mission pour quelques jours, pour le Bureau Fédéral. On ne quittait jamais définitivement les institutions fédérales. Elle se retournait, poussant quelques grognements dans son sommeil, la sueur sur son front.

"Je t'aime, Jaina, je t'ai toujours aimée."

Son visage. Elle se souvenait de tout. Les mèches sur son visage, sa peau si douce, son regard espiègle... Jaina regarda ses doigts se lever vers le visage de sa compagne, caresser sa peau. Elle tremblait. Elle savait ce qui allait se passer.

"Tu dois partir, Jaina, ils te retrouveront."

Non. Ne pars pas, Samantha, je t'en prie.
Les cris, une nuit d'orage. La maison qui est investie par des agents en noir. Des USS, ou quelque chose comme ça. Le réveil en sursaut.

"Pars, Sam, maintenant !"

Le poids lourd du pistolet froid dans sa main, le chargeur qui s'engage, la sécurité qu'elle retire, tout se passe au ralentis, mais la matraque noire d'un USS s'abat sur son poignet, la fait hurler de douleur. Le Glock tombe sur le sol avec un bruit sourd, tandis qu'elle se tient le poignet, luttant contre la douleur irradiante. Réveille-toi, Jaina. Samantha se débat, les USS la saisissent par la taille, par les épaules, tordent ses bras. Tu bouges pas, D'Arcy. Ne lui faites pas de mal, je vous en prie. Prenez-moi. Ne lui faites pas de mal. S'il vous plaît. Elle n'a rien fait, elle ne sait rien, laissez-la partir, tuez-moi s'il le faut... Mais rien n'y fit. Le coup est lourd sur sa nuque. Elle se réveille, regarde les liens qui mordent ses poignets. La bouche pâteuse. Un sale goût dans la gorge. Le monde est trouble. Putain. Qu'est-ce que vous m'avez fait? Son regard se pose sur les trois points rouges sur son avant-bras. Elle proteste, s'agite. Mais Bon Dieu, qu'est-ce que vous m'avez fait? La colère monte. Elle regarde l'homme en costume qui fume une cigarette, tout près d'elle. Il ne répond pas. Son regard se porte devant elle. Une vitre sans tain. Sauf qu'elle était du bon côté. Samantha est de l'autre côté, elle a pleuré, le rimmel a coulé sur ses joues pâles, ses yeux sont rougis, elle tremble, elle a peur. Jaina lutte un peu plus fort contre les liens.

"Qu'est-ce que vous me voulez? Ne lui faites pas de mal."
"Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus, 48A704. Trois ans que tu cavales dans la nature."

Il chasse la cendre. Elle se souvient bien de ce petit mouvement sec du poignet de l'homme, son sourire esquissé sur un visage inconnu.

"Tu aurais dû te soumettre. Maintenant, c'est trop tard."

Quoi? Trop tard de quoi? Puis, la silhouette, qui s'approche de Samantha. Une lanière de cuir qui tournoie. Le coeur de Jaina fait un bond.

"Qu'est-ce que vous faites?"

La lanière s'abat sur son visage, et une trace de sang pourpre vient tâcher le visage pâle de Samantha. La silhouette lui assène un coup de poing. Jaina entend encore les os de sa mâchoire. Son cri déchire l'air, mais la silhouette n'entend pas et continue de tabasser Samantha. La suite est insoutenable. Pourquoi... Pourquoi font-ils ça... Elle n'a rien fait... Pitié... La peur, l'impuissance. Les suppliques. Le visage de Samantha déformé sur les coups.

Et soudain, la fureur salvatrice. La perte de contrôle. Les liens qui se déchirent. Elle ne se souvient plus. Elle a attrapé l'homme par le cou, l'a soulevé, a broyé son larynx, l'a jeté contre un mur. Tout se passe si vite. Le craquement des os, les détonations, les balles qui traversent sa peau mais ne lui font rien ressentir. Le goût du sang. La fureur, toujours. Et le visage de Samantha, tuméfié, quand elle la prend dans ses bras, les larmes troublant sa vue. Non, chérie, reste avec moi, je t'en prie.

"Je t'aime, Jaina. Je t'ai toujours aimée."

Ses yeux se ferment, le poids devient lourd entre ses bras, elle retombe, inerte.

Jaina D'Arcy ouvrit les yeux, réveillée par son propre cri rauque. Ou peut-être la sonnerie de son téléphone portable. Elle tâtonna dans le repli des couvertures, finit par le trouver. D'une voix absente, elle dit :

"D'Arcy."
"Salut J."
"Hauer? Putain, mais t'as vu qu'il est 4h30?"
"Ecoute, j'ai des infos fraîches sur Umbrella, ça t'intéresse?"

Elle fut tout à fait réveillée à la mention de la multinationale. Elle était censée avoir couler. Mais telle l'hydre, mille têtes avaient repoussé. Elle coinça le combiné sur son épaule, saisit un carnet et un stylo. Elle regarda l'alliance d'or blanc qu'elle portait en permanence désormais.

"Je t'écoute."
"Ils ont décidé de s'intégrer dans une ville de la côte ouest. Arkan, près de Vancouver. Comme tu es à LA en ce moment, j'ai pensé..."
"Que je sois à LA, Moscou, Singapour ou Sydney, ça m'aurait intéressée de la même manière. Ne penses plus, parle."
"Avant toute chose, Jaina, souviens-toi que les S.T.A.R.S n'existent plus. Il n'y a plus officiellement de groupes luttant contre Umbrella et le bioterrorisme. Tu n'as pas de raisons officielles d'aller là-bas. Ne t'embarque pas dans une croisade suicide, Jaina. On sait très bien ce dont tu es capable. Et cela ne vengera pas la mort de Samantha."
"Peu importe, Hauer. Ce n'est pas uniquement pour Sam. C'est pour mes parents, pour les parents de Joyce, pour mon frère."
"Okay, okay. Bon, la base est construite, ils ne vont pas tarder à l'inaugurer. Pour l'instant, y a rien de chaud, mais si je te dis que c'est un Ashford qui a signé les papiers, tu me dis?..."
"Qu'il ne faut pas laisser passer une telle opportunité."
"Okay. Mais pour le coup, tu vas être seule."
"Ce ne serait pas la première fois."
"J'ai entendu dire qu'ils recrutaient dans la police. Vu ton pedigree, tu ferais fureur."
"Ouais. Mais je ne dirais rien."

Une pause.

"Haueur?"
"Ouais euh... J... Enfin, j'ai entendu des trucs vraiment pas nets sur la ville... Des meurtres, des disparitions..."
"Jack, tu sais bien que ce n'est pas ça qui va m'arrêter. Merci pour les infos, je te recontacte."

Elle raccrocha. Son regard vairon se perdit sur l'horizon orangée. Un sourire féroce s'esquissa sur ses lèvres. Il était temps...