Haley : - Tu veux bien me l'ouvrir ?

Max obéit, enfonçant fermement la pointe torsadée du tire-bouchon dans le morceau de bois tendre. Deux temps trois mouvements, et sa malheureuse victime sortit de son logement dans un "pop" approbateur. Bien que très loin d'être œnologue, Max se paya le luxe de sentir l'odeur imprimée dans le bouchon.

A peine Max tournait-il le dos que Haley versait du vin dans les verres, l'empêchant de jouer au gentleman. Mais visiblement, elle appréciait le grand cru que Max avait fait venir de France. Sans être spécialement fanatique, il préférait de loin les vins français aux californiens, pourtant moins chers.

Haley : - Fantastique !

Plongé dans ses pensées, Max n'avait pas vu Haley retourner dans la petite cuisine et farfouiller dans les placards. De là où il se tenait, Max ne pouvait pas voir ce qu'elle faisait, mais elle semblait savoir ce qu'elle faisait, et y prenait plaisir. En revanche, Max vit les écrans de surveillance montrant deux clochards avancer dans les tunnels. Rapidement, ils sortirent de son périmètre de sécurité, lui retirant aussi un poids du torse.

Haley : - Max, rapportes moi les assiettes s'il te plait. Je vais bien arranger cela.

Max : - A vos ordres, Madame!

Un chiffon posé de façon impeccable sur le bras, Max obéit en imitant un majordome de grand hôtel de façon plutôt caricaturale. Il posa les assiettes sur le comptoir, avant de reculer, laissant la jeune cuisinière appliquer la magie!

Un instant plus tard, elle revint en portant les deux assiettes, mais s'assit avant que Max n'ait pu lui tirer la chaise. De son côté, Haley venait de lui poser un plat à l'air très engageant sous les yeux, notablement supérieur à ce que lui-même aurait pu préparer avec ses maigres talents de cuistot...

Haley : - Cher ami, j'espère que la condensation de mon savoir culinaire te régalera ! Bon appétit !

Max : - C'est fantastique! Je suis vraiment très impressionné, et je dois dire qu'avec ce qu'il me restait, jamais je n'aurais pu concocter quelque chose s'approchant de ceci! A ta santé!

Max goûta. La salade se mariait à merveille au tournedos, et le foie gras ajouta un moelleux délicieux à la viande tendre. Le plat était vraiment parfait, mais aurait pu être encore meilleur s'ils avaient pu le déguster dans un cadre plus accueillant que l'intérieur spartiate d'un bunker. Max eut un pincement au cœur en pensant qu'à n'importe quel instant, un problème pouvait survenir et...

Le bip strident et prolongé de l'alarme se répandit dans l'air, ne pouvant pas tomber plus mal. Avec une moue écœurée, Max tourna la tête vers les écrans. Une silhouette passa dans le champ d'une des caméras, suivie d'une autre. Pas des soldats, ils ne semblaient pas harnachés comme tels, et avançaient d'une démarche hésitante. Max se contenta de presser quelques boutons, sécurisant un maximum de couloirs, et isolant la zone où les intrus avaient été repérés. Puis il coupa la sonnerie et revint tranquillement s'asseoir à table.

Max : - Je suis désolé pour ça... Le problème avec ces souterrains est qu'ils ne sont pas très sûrs...

Haley : - Cher ami, j'espère que la condensation de mon savoir culinaire te régalera ! Bon appétit !

Max : - C'est fantastique! Je suis vraiment très impressionné, et je dois dire qu'avec ce qu'il me restait, jamais je n'aurais pu concocter quelque chose s'approchant de ceci! A ta santé!

Haley : - Ah, le savoir faire cher ami...

Elle éclata de rire. Il fut un temps où la jeune poète aurait été incapable de faire une chose pareille. Elle aurait regarder le frigo en se demandant pourquoi diable c'était à elle de s'occuper de la cuisine. A présent elle s'offrait le luxe d'un plat sophistiqué de temps en temps, lorsqu'elle avait l'envie. Visiblement, Max était ravi de ce qu'il avait dans l'assiette, la cuisson du tournedos semblait parfaitement lui convenir. Le lieu n'était, certes, pas des meilleurs pour déguster un bon repas mais Haley n'allait pas faire la difficile déjà qu'elle faisait la fine bouche. Le bip strident de l'alarme qui résonna soudainement dans la pièce fit sursauter la jeune femme, elle manqua de peu d'en perdre sa fourchette. Pendant un instant, elle avait totalement oublié qu'ils étaient dans un repère souterrain. Max semblait parfaitement dégoûté d'être ainsi ramené à la réalité. Pas moyen de trouver la tranquillité cinq minutes dans cette ville. Deux silhouettes avançaient de le champ d'une caméra, ne sachant visiblement pas comment se sortir d'ici. Stranger fit quelques manipulations dont une coupa cette fichue sonnerie avant de revenir s'asseoir. La poète but une nouvelle gorgée de vin, le savourant avec le même délice.

Max : - Je suis désolé pour ça... Le problème avec ces souterrains est qu'ils ne sont pas très sûrs...

Haley : - Il n'y a pas de mal voyons ! Et puis comme cela je suis sûre qu'aucun importun n'entrera brusquement pour nous empêcher de manger, ce qui serait absolument scandaleux !

Riant à nouveau, son regard se plongea dans les souvenirs. Un repas, frugal certes mais tout de même, entre elle et un de ses excellents amis violemment interrompu par un fou furieux drogué qui voulait les braquer. Haley l'avait regarder avec étonnement avant de s'étouffer de rire devant le visage désabusé d'Alex. Le grand costaud avait dévisagé le petit gringalet, ne sachant pas s'il devait lui en coller une ou juste le réorienter poliment vers quelqu'un d'autre. A la fin, le petit jeune était reparti, penaud mais avec un peu plus les pieds sur terre en s'excusant. Des expériences comme cela n'ont lieu qu'une fois dans une vie. La poète en riait encore. Le système de Stranger était très ingénieux bien que l'alarme soit proprement insupportable.

Après le but d'une alarme ce n'est pas d'être douce à l'oreille...

Imperturbable, la jeune femme termina son assiette qui apparut aussi propre qu'avant son utilisation. Terminant son verre ensuite, son palet et son estomac la remercièrent de tous ces bienfaits. L'idée du dessert la laissa perplexe. Ne voyant aucune solution, elle se resservit un verre, pensive. Ses questions patientaient tranquillement, bercées par le rythme paisible de l'alcool et d'un souvenir de café. D'ailleurs, la jeune femme arrêterait la caféine pendant un petit moment après ça. La jeune femme ne voulait pas briser la douce atmosphère avec des interrogations qui les ramèneraient dans l'obscurité. Max avait d'ailleurs l'air d'être bien mieux le forcer à replonger dans de sombres souvenirs seraient parfaitement cruel. Elle songea donc à son chat qui devait avoir été gavé par la voisine zélée.

Haley : - En tout cas, c'est officiel Max, je viens de passer la journée la plus folle de ma vie ! Et ce n'est pas rien de le dire !

Elle souriait. Des journées folles, elle en avait eu. Des semaines même. Voire des mois totalement fous. Mais pas autant d'évènements condensés en une seule journée. Surtout pour finir par déguster un tournedos au foie gras avec un excellent vin français !

Haley : - Cher ami, j'espère que la condensation de mon savoir culinaire te régalera ! Bon appétit !

Max : - C'est fantastique! Je suis vraiment très impressionné, et je dois dire qu'avec ce qu'il me restait, jamais je n'aurais pu concocter quelque chose s'approchant de ceci! A ta santé!

Haley : - Ah, le savoir faire cher ami...

Les deux convives éclatèrent de rire en même temps. Max n'avait vraiment pas l'habitude que l'on cuisine pour lui, ça n'était plus arrivé depuis... Et bien depuis New-York et son histoire avec Thana! Avec les années, les larmes s'étaient asséchées, mais les regrets étaient restés, aussi forts qu'au premier jour. Peut-être était-ce cela qui avait fait de Max un solitaire? Possible... En tout cas, l'alarme le tira brutalement de ses réflexions.

Max : - Je suis désolé pour ça... Le problème avec ces souterrains est qu'ils ne sont pas très sûrs...

Haley : - Il n'y a pas de mal voyons ! Et puis comme cela je suis sûre qu'aucun importun n'entrera brusquement pour nous empêcher de manger, ce qui serait absolument scandaleux !

Elle prenait cette interruption avec humour, ce qui le soulagea. Au moins, n'avait-elle pas profité de ce désagréable intermède pour poser ses questions. Non pas que Max espérait y réchapper, mais il ne voulait pas démolir une si charmante soirée entre amis avec ce genre de comportement. Tôt ou tard, il devrait y passer!

Haley arborait un sourire amusé, plongée dans ses pensées alors qu'elle vidait son assiette, et la nettoyait proprement. Max eut un sourire en la voyant presque lécher son plat. Après un instant, Max se décida à défaire la table. Si Haley avait fait la cuisine, à lui de se taper la vaisselle! Il entreposa les couverts dans l'évier, pour plus tard. Un autre placard révéla une rangée de boîtes de conserve. Max se pencha et demanda:

Max : - Pour le dessert, je suis désolé, mais je ne peux te proposer que des fruits au sirop, de la crème glacée, ou bien de la crème anglaise. Je sais, j'aurais dû faire les courses depuis un moment, déjà...

Haley ne répondit pas tout de suite, peut-être n'avait-elle pas entendu la question.

Haley : - En tout cas, c'est officiel Max, je viens de passer la journée la plus folle de ma vie ! Et ce n'est pas rien de le dire !

Max : - A ce point-là? Moi aussi, tu sais. Et ça me fait plaisir de l'avoir partagé avec quelqu'un d'aussi tenace que toi!

Max : - Pour le dessert, je suis désolé, mais je ne peux te proposer que des fruits au sirop, de la crème glacée, ou bien de la crème anglaise. Je sais, j'aurais dû faire les courses depuis un moment, déjà...

Haley : - De la crème anglaise ?

Elle bondit de sa chaise avec la vivacité d'un gourmand confirmé voyant lui passer sous le nez son dessert préféré. Entre Haley et la crème anglaise, c'était une histoire d'amour qui durait depuis des années. Pendant longtemps elle en avait mangé comme certains boivent de l'eau, jusqu'à une sombre journée d'indigestion. Depuis, la poète la dégustait un peu plus rarement mais toujours avec le même plaisir. Debout à côté de Max, tous les sens en alerte, flairant la promesse d'une très bonne fin de repas.

Haley : - En tout cas, c'est officiel Max, je viens de passer la journée la plus folle de ma vie ! Et ce n'est pas rien de le dire !

Max : - A ce point-là? Moi aussi, tu sais. Et ça me fait plaisir de l'avoir partagé avec quelqu'un d'aussi tenace que toi!

Elle se tourna vers lui et sourit. Tenace ? Il fallait l'être pour réchapper d'un incendie, jouer les mortes tout en étant poursuivie par des fous furieux, « emprunter » une ambulance et cavaler dans un tunnel effrayant par sa population d'espèces inconnues. Après bien sûr avoir passé la matinée dans un asile à parler de l'incarnation de la ville avec un ami un peu dérangé. Le tout terminant par un excellent repas. Surréaliste ? Eh bien, pas vraiment quand on prend le contexte en considération.

Haley : - Plaisir partagé ! Surtout que tu as de la crème anglaise huhu.

Le seul regret de la jeune femme, outre la disparition de Baudelaire, était l'absence de musique. Une jolie petite musique de fond. Elle pensa alors à sa guitare, qui attendait patiemment d'être accordée et utilisée dans son coin. Il était temps pour elle de retomber dans sa passion de la musique. Plus elle y pensait, plus elle réalisait que sa vie allait devenir un immense paradoxe entre la poésie et la mafia.

Elle regarda le tas de vaisselle non sans un rire amusé. Max avait visiblement la ferme intention de s'en occuper et Haley n'allait certainement pas l'en empêcher. Cuisiner oui, faire la vaisselle seulement si c'est urgent. Son côté fainéant qui la retenait sans doute. Chacun ses petits défauts. Une nouvelle fois son attention fut portée sur le bras en métal. Elle connaissait, certes, l'existence des membres bioniques mais jamais elle n'en avait vu d'aussi...parfaits. Comment était-il arrivé là ? Cette question lui brûlait les lèvres.

La jeune femme retourna dans la pièce principale et y promena son regard pour la énième fois. Sur la table reposait le pistolet, son carnet de croquis et leurs deux verres. Les écrans de surveillance occupées une bonne place. Pendant une seconde, son esprit s'engourdit dans un décalage entre présent et passé, elle bascula légèrement en avant comme si un point intéressant fixait son attention sur le sol. En vérité, c'était son cœur qui la faisait souffrir, physiquement parlant.

Si dans les prochains jours, ils me tombent dessus, ils m'auront décidé à la vengeance.

Pendant une fraction de seconde, son regard devint glacé, féroce, impitoyable. La scène ne dura pas plus de quinze secondes, la jeune femme se reprit bien vite avec un grand sourire. Elle se versa encore un peu de vin et le descendit cul sec. Il lui réchauffa la gorgée, sensation toujours très agréable. Reprenant un ton jovial, elle s'exclama :

Haley : - Alors cette crème anglaise ? Tu as réveillé le monstre gourmand !

Max : - Pour le dessert, je suis désolé, mais je ne peux te proposer que des fruits au sirop, de la crème glacée, ou bien de la crème anglaise. Je sais, j'aurais dû faire les courses depuis un moment, déjà...

Haley : - De la crème anglaise ?

Avec un mélanger de stupéfaction et d'amusement, Max vit son amie bondir de sa chaise, avec un air soudain très motivé... Fana de crème anglaise? En tout cas, elle semblait prête tout pour en avaler!

Haley : - En tout cas, c'est officiel Max, je viens de passer la journée la plus folle de ma vie ! Et ce n'est pas rien de le dire !

Max : - A ce point-là? Moi aussi, tu sais. Et ça me fait plaisir de l'avoir partagé avec quelqu'un d'aussi tenace que toi!

Tenace lui avait semblé être le mot le plus adapté. Qui aurait pu s'échapper d'un incendie, des griffes des soldats des MJ XII, traverser la ville dans une ambulance volée, des tunnels labyrinthiques peuplés de toutes sortes de saletés, et encore partager un repas avec un ami, le tout, sans poser aucune des questions qui devaient la tenailler? Pas n'importe qui, c'était clair et net!

Haley : - Plaisir partagé ! Surtout que tu as de la crème anglaise huhu.

Max : - D'accord, d'accord, je vais la chercher!

Avec un air faussement effaré devant la gloutonnerie de son amie, Max se leva et alla dans la petite kitchenette. Où diable avait-il fichu cette boîte? Lorsqu'elle la verrait, elle allait être folle! Un kilo de crème anglaise pur jus! En fait, il n'allait pas la lui montrer, ou la malheureuse se taperait une crise de foie carabinée! En quelques geste précis, il répartit de la crème dans deux coupelles, et disposa dans une troisième quelques fruits rouges, ignorant si Haley les appréciait.

Pendant une seconde, son regard se posa sur la pile de vaisselle. Bien du plaisir en perspective! Loin d'être un feignasse, Max devait bien avouer qu'il ne raffolait pas non plus de ce genre d'activité gratifiante... Quand se déciderait-il à acheter un lave-vaisselle? Réponse simple: dès qu'il aurait le moyen d'en faire passer un par l'entrée, qu'il avait conçue un peu trop étroite...

Haley : - Alors cette crème anglaise ? Tu as réveillé le monstre gourmand !

Max : - Voilà!

Les coupelles disposées sur un petit plateau, Max sortit rapidement de l'alcôve, mais remarqua que l'expression de son amie avait pris une demi-teinte peu sympathique. Haley avait du en voir de dures pour avoir une telle tête... Max préféra ne pas poser de questions, et se contenta de poser le plat sur la table.

Max : - Retiens le monstre, voilà la pâture! Bon appétit!

Sans se vanter, ou se prendre pour un nouveau riche, Max avait tenu à se procurer des vivres de première qualité, même pour les conserves! Celle-ci venait tout droit du Royaume-Uni, acheté par une entreprise appelée "Old Ward Unlimited", une boîte anonyme installée dans les Iles Marshall...

Max : - J'ai comme l'impression que tu as quelques interrogations... Pose-les, je te répondrai.

Max : - Retiens le monstre, voilà la pâture! Bon appétit!

La jeune femme rit de bon cœur et lui souhaita un bon appétit de même. Max devait être un peu surpris de voir qu'un petit bout de femme pouvait avaler tout, ou presque tout, ce qui lui passait sous le nez. Mais lorsque la coupelle de crème anglaise fut sous son nez, la poète aurait pu apprendre la fin du monde cela n'avait pas la moindre importance. Elle prit sa cuiller avec une précaution presque religieuse et goûta.

Max : - J'ai comme l'impression que tu as quelques interrogations... Pose-les, je te répondrai.

Haley : - D'abord... d'où vient ce nectar divin ?

C'était encore meilleur qu'un délice. Une sorte de perfection gustative. Heureusement, que Stranger n'avait pas ramené toute la réserve, sinon Haley l'aurait engloutie et ensuite...retour à l'hôpital en ambulance pour une greffe de foie en urgence. Elle savourait, en y ajoutant les quelques fruits rouges, être gourmet est un art de vivre. Elle mangeait lentement, pour faire durer le plaisir.

Haley : - C'est vrai qu'il y a quelques questions qui me trottent dans la tête depuis... Le moment où les livres sont partis en fumée. Si jamais j'aborde malencontreusement un sujet dont tu ne veux pas discuter, dis le moi. J'exige que la soirée garde cette atmosphère agréable !

Et je ne suis pas venue pour le forcer à parler !

Ce qu'elle avait pourtant déjà fait un certain nombre de fois. Toutes ses victimes avaient fini par cracher le morceau, leur état mental variant avec la force de leur obstination. La jeune femme n'était pas une adepte de la torture physique, surtout que la plupart du temps c'était peu ragoutant. Elle préférait de loin la manipulation, la lente et méthodique destruction de l'esprit. Mais ce n'était pas vraiment le moment de penser à tout cela. Ces souvenirs morbides devaient restés dans leur coin.

Une nouvelle cuillère de crème anglaise avant de passer au question. Elle s'organisait, réfléchissant pour ne pas poser ses questions sans un lien logique ce qui éviterait des explications embrouillées et compliquées.

Haley : - Ce que je me demande avant tout, c'est...(elle inclina la tête, cherchant ses mots) Enfin c'est ton bras. Je ne sais pas trop comment formuler clairement la question.

Elle eut une petite moue ennuyée, la poète détestait ne pas trouver ses mots. Cela la frustrait beaucoup. Surtout qu'elle ne voulait pas foncer sur un point sensible, ce manque cruel de délicatesse à ses yeux était inacceptable. Pour se punir, elle attendit encore un peu avant de reprendre sa dégustation. Son autre main était serrée sur son genou. Mentalement, elle comptait les battements de son cœur, ne laissant rien transparaitre de la douleur, pas même un froncement de sourcil. Haley espérait de pas avoir foncé d'emblée dans l'armoire des mauvais souvenir fermée à double tours.

En attendant une réponse, la poète termina sa coupelle de crème anglaise en regrettant que les meilleures choses comme celle-ci ne soient pas éternelles.

Max : - J'ai comme l'impression que tu as quelques interrogations... Pose-les, je te répondrai.

Haley : - D'abord... d'où vient ce nectar divin ?

Max se retint de ne pas éclater de rire. Haley devait avoir des dizaines de questions plus ou moins sinistres à lui poser, et elle commençait par celle-ci! Avec un grand sourire, Max posa son doigt sur la bouche.

Max : - Ça, c'est mon plus grand secret! C'est une boîte écossaise qui fabrique ce produit, en tirage limité. De la crème anglaise de luxe! Tu y crois, toi?

D'un geste lent, Max saupoudra sa part de quelques fruits rouges, avant de planter une mûre au sommet du petit tas. Il observa un instant le tout, songeur, réfléchissant à ce qu'il allait pouvoir répondre aux questions, quelle qu'elle soient. Il avait décidé d'être honnête avec Haley, quoi qu'il arrive. De toute manière, elle en savait trop, en était aussi menacée par les MJ XII. Elle et lui étaient dans le même bateau.

Haley : - Ce que je me demande avant tout, c'est... Enfin c'est ton bras. Je ne sais pas trop comment formuler clairement la question.

Elle avait hésité, ne sachant pas comment formuler sa question, probablement. C'était bien compréhensible, devant une situation aussi étrange. Lui-même ne savait pas tout sur cette prothèse bizarre, à commencer par son origine. Tout baignait dans le mystère, pour ce sujet, surtout pour lui, car cela soulevait d'autres questions, non seulement sur Max, mais aussi sur des notions beaucoup plus vastes que sa petite personne. Un instant, Max fit tournoyer le bras sous la lumière crue des néons, projetant des reflets un peu partout.

Max : - Pour être honnête avec toi, je ne connais pas moi-même le fin mot de l'histoire, alors je vais te dire ce dont je me souviens. J'avais mon adversaire face à moi, un salopard qui à juré ma perte, et je l'avais dans ma ligne de mire.

Max avala une cuillerée, essayant de se rappeler de tout.

Max : - Il y avait de l'orage. Alors que j'allais tirer, un éclair est tombé droit sur mon arme, me mettant KO instantanément. A mon réveil, j'étais tellement dans le gaz que je ne me suis pas aperçu tout de suite que mon bras ne se réduisait plus qu'à un moignon d'où émergeait un os brisé. J'ai malgré tout réussi à me mettre à l'abri, mais je suis à nouveau tombé dans le coma. J'ignore ce qui s'est passé, mais à mon réveil, j'avais... ça.

Il fit jouer le bras à nouveau, l'observant d'un œil curieux, et un peu fasciné.

Max : - Je ne sais pas, ni qui l'a installé, ni comment, ni en quoi c'est fabriqué, ni non plus pourquoi cette personne ne m'a pas laissé crever... Tout ce que je sais, c'est que l'imitation d'un bras réel est parfaite, mais que ça peut résister à n'importe quoi, et que la couleur est... peu discrète!

Il rabaissa sa manche jusqu'au poignet, ne laissant plus paraître que la main.

Max : - Ca donne un petit côté... Dr No, mais je suis toujours obligé de prétexter une maladie pour justifier mes gants. La sclérodermie, une maladie auto-immune qui provoque des anomalies localisées de la peau, un aspect pas très ragoûtant... C'est une technique comme une autre, mais qui soulève des questions, en général.

Max replongea son regard dans celui de Haley. Pour la première fois, il avait dit la vérité sur son bras. Curieusement, c'était sorti plus facilement qu'il l'avait pensé!

Max : - C'est tout ce dont je me souviens, en tout cas!

Max : - Ça, c'est mon plus grand secret! C'est une boîte écossaise qui fabrique ce produit, en tirage limité. De la crème anglaise de luxe! Tu y crois, toi?

Haley : - Oh oui je viens bien y croire, c'est merveilleux !

Cette première question semblait avoir un peu détendu Max. La jeune femme sourit, il était vrai que ce n'était pas forcément la question la plus pertinente qu'il y avait a poser pourtant elle avait son importance sur sa consommation de crème anglaise à l'avenir.

Max : - Pour être honnête avec toi, je ne connais pas moi-même le fin mot de l'histoire, alors je vais te dire ce dont je me souviens. J'avais mon adversaire face à moi, un salopard qui à juré ma perte, et je l'avais dans ma ligne de mire.

Tout en parlant, il faisait jouer la lumière sur son bras, des petites taches lumineuses se promenaient sur les murs, dansantes. La jeune femme l'écoutait, attentive.

Max : - Il y avait de l'orage. Alors que j'allais tirer, un éclair est tombé droit sur mon arme, me mettant KO instantanément. A mon réveil, j'étais tellement dans le gaz que je ne me suis pas aperçu tout de suite que mon bras ne se réduisait plus qu'à un moignon d'où émergeait un os brisé. J'ai malgré tout réussi à me mettre à l'abri, mais je suis à nouveau tombé dans le coma. J'ignore ce qui s'est passé, mais à mon réveil, j'avais... ça.

Il ignorait donc d'où lui venait cette perfection de bras bionique. La foudre qui tombe sur son arme juste au mauvais moment, voilà qui n'était vraiment pas de chance. Le fait qu'il en ait réchappé tenait quant à lui du miracle, il aurait pu y rester. Surtout qu'une fois inconscient, son ennemi aurait pu l'avoir facilement. La jeune femme imagina ce qu'il avait du ressentir en se réveillant avec à la place de son bras de chair et d'os un nouveau membre d'acier.

Max : - Je ne sais pas, ni qui l'a installé, ni comment, ni en quoi c'est fabriqué, ni non plus pourquoi cette personne ne m'a pas laissé crever... Tout ce que je sais, c'est que l'imitation d'un bras réel est parfaite, mais que ça peut résister à n'importe quoi, et que la couleur est... peu discrète!

La jeune femme garda ses remarques, attendant que Max termine son explication. Il baissa la manche de sa chemise jusqu'au poignet, la main de métal reposant sur la table telle une force tranquille attendant le moindre geste menaçant.

Max : - Ca donne un petit côté... Dr No, mais je suis toujours obligé de prétexter une maladie pour justifier mes gants. La sclérodermie, une maladie auto-immune qui provoque des anomalies localisées de la peau, un aspect pas très ragoûtant... C'est une technique comme une autre, mais qui soulève des questions, en général.

Il plongea son regard dans celui de la jeune femme. Il avait l'air soulagé d'avoir dit la vérité, peut être était-ce la première fois qu'il en parlait. Comme elle de son passé.

Max : - C'est tout ce dont je me souviens, en tout cas!

Haley : - J'imagine que la foudre qui t'est tombée dessus n'a rien fait pour aider à retrouver la mémoire... Si je puis me permettre une réflexion totalement décalée par rapport au contexte, ce bras est plus qu'une merveille technologique. Je parle d'un point de vue artistique, c'est un chef d'œuvre. Pendant que tu étais dans le coma, j'en ai étudier les lignes. Pour comparaison c'est un peu comme le sourire de la Joconde. Les lignes sont parfaites, jusqu'à la main, dans le moindre détail. Si au contact il n'était pas froid, on pourrait croire que c'est un membre comme un autre. Celui qui l'a crée ne restera peut être pas éternellement anonyme. C'est vrai que tout cela soulève bon nombre de questions. Cela dit, je veux bien te croire quand tu me dis que ce n'est pas très discret, quant aux curieux ils n'ont pas à te demander de justification c'est d'une impolitesse scandaleuse.

Une petite moue redessina un instant ses traits. Elle n'appréciait pas quand quelqu'un venait mettre son nez dans ses affaires et supposait qu'il en était de même pour Max. ce devait être particulièrement gênant de devoir expliquer le simple fait de porter des gants.

Haley (se parlant plus à elle-même qu'à Max) : - Surtout que le port de gants est une touche d'élégance. Le problème vient simplement quand il faut les enlever... mais bon.

Elle sourit, la poète était assez contente de voir qu'ils pouvaient se parler en toute honnêteté. Une autre question surgit, et elles risquaient de se succéder.

Haley : - Cette fois, je vais pouvoir formuler ma question clairement. Parce qu'à partir du moment où le courant a été coupé dans l'hôpital, je n'ai pas arrêté de me demander : qui sont ceux qui te poursuivent ? Et pourquoi ?

Son regard restait doux, la jeune femme ne faisait pas preuve d'une impatience marquée.

Max : - C'est tout ce dont je me souviens, en tout cas!

Haley : - J'imagine que la foudre qui t'est tombée dessus n'a rien fait pour aider à retrouver la mémoire... Si je puis me permettre une réflexion totalement décalée par rapport au contexte, ce bras est plus qu'une merveille technologique. Je parle d'un point de vue artistique, c'est un chef d'œuvre. Pendant que tu étais dans le coma, j'en ai étudier les lignes. Pour comparaison c'est un peu comme le sourire de la Joconde. Les lignes sont parfaites, jusqu'à la main, dans le moindre détail. Si au contact il n'était pas froid, on pourrait croire que c'est un membre comme un autre. Celui qui l'a crée ne restera peut être pas éternellement anonyme. C'est vrai que tout cela soulève bon nombre de questions. Cela dit, je veux bien te croire quand tu me dis que ce n'est pas très discret, quant aux curieux ils n'ont pas à te demander de justification c'est d'une impolitesse scandaleuse.

Max eut un sourire. Interpréter la chose de ce point de vue, c'était à la fois rare et inattendu. La curiosité était une caractéristique bien humaine, et Max ne trouvait pas cela scandaleux outre mesure.

Max : - Il faut juste faire la part des choses entre curiosité et indiscrétion. On dit bien que seul le curieux fait avancer le monde...

Haley : - Surtout que le port de gants est une touche d'élégance. Le problème vient simplement quand il faut les enlever... mais bon.

Haley avait marmonné, plus pour elle que pour qui que ce soit, mais Max avait entendu sa remarque. Flatté malgré tout, il crut bon de répondre à son amie, révélant un autre de ses petits secrets.

Max : - C'est pour ça que je porte deux paires, en fait. Une paire en cuir, et une paire de gants en coton fin, juste assez opaques pour cacher mes mains.

Haley : - Cette fois, je vais pouvoir formuler ma question clairement. Parce qu'à partir du moment où le courant a été coupé dans l'hôpital, je n'ai pas arrêté de me demander : qui sont ceux qui te poursuivent ? Et pourquoi ?

Holà! Elle souhaitait passer immédiatement à la pièce de résistance!D'un autre côté, Max pouvait la comprendre: être pourchassé par des tueurs sans nom et sans visage n'était guère agréable. Max garda le silence une seconde, essayant de trouver par quoi commencer. Sa décision prise, il alla déployer un écran mural, ramasser une télécommande et éteindre la plupart des lumières. Dans la pénombre, il lança le diaporama.

Max : - Cette histoire commence loin. En 1939, pour être précis.

Il pressa un bouton, faisant apparaître un visage mondialement honni, celui d'un certain dictateur.

Max : - Cet homme, cela est reconnu, était un fervent adepte des sciences dites parallèles. Durant des années, il a envoyé des expéditions un peu partout, surtout en Orient. Le fait est qu'ils ont trouvé des choses assez intrigantes.

Au portrait en noir et blanc succédèrent quelques photographies, ternies par le temps et les visionnages. On pouvait y voir des soldats, exhibant des artefacts bizarroïdes, d'origines clairement non-humaines.

Max : - D'après ce que je sais, ce sont eux qui ont trouvé la première Prison, tu sais, celle des Créatures dont je t'ai un peu parlé. L'expédition à été décimée, on ne les a jamais retrouvés. Cependant, un artefact a été utilisé par les scientifiques de ce pays pour mener des recherches.

Nouvelle photo, celle d'un homme âgé, arborant une impressionnante barbe blanche frisée, et un regard grave et pénétrant.

Max : - Cet homme, Viktor Schauberger, a été employé de force dans ces recherches, et a conçu ce que l'on pourra qualifier d'objet volant non-identifié, le premier du genre, et arborant la triste symbolique d'alors. En 1945, il y eut le Projet Presse-Papier, un projet américain visant à ramener un maximum de savoirs et de techniques allemands aux Etats-Unis, y compris les scientifiques, voire certains agents nazis. Bref. De leur côté, les Russes faisaient de même, mais ces projets ont été maintenus secrets, par peur du scandale.

Stranger s'arrêta un instant, buvant une gorgée pour soulager sa gorge qui le tirait un peu.

Max : - Deux ans après la fin de la guerre, il y eut l'incident de Roswell, et c'est là que l'on a entendu parler pour la première fois de ces hommes. Ils ont fait très fort, je dois le reconnaître! Transformer l'échec d'un test secret en une légende! Ils ont trouvé la meilleure des cachettes:m la pleine lumière! En effet, à la suite de ce crash, il ont laissé croire qu'il s'agissait d'extra-terrestres, avant de prétendre le contraire. Dans le même temps, ils révélaient leur existence.

La diapo suivante figurait un symbole étrange: douze rois d'échecs, disposés en cercle autour d'une boule lumineuse.

Max : - Ils se sont fait appeler les MJ XII, ou Majestic XII. Supposés s'occuper de l'étouffement de toute affaire d'ovnis, leur existence a ensuite été niée lorsque le tout à été tourné en ridicule auprès du public. De ce fait, toute personne tentant de les démasquer est aussitôt tourné de la même façon! C'est comme cela qu'ils se sont maintenus dans l'ombre durant soixante ans.

Une diapo de plus, un graphique, ce coup-ci. On pouvait y voir la courbe descendante représentant les apports en énergie du pétrole. Selon les estimations, à l'horizon 2050, il n'y en aurait plus du tout.

Max : - Aujourd'hui, le monde traverse un crise énergétique sans précédent. C'est pourquoi ils se sont mit en tête de trouver, contrôler et domestiquer les Créatures, sans imaginer qu'elles ne pourraient être contrôlées, et utilisées comme pompes à énergie! Mais je m'égare. Leur but est la récupération de toutes les technologies trop rentables pour être laissées à disposition du public, comme les inventions de Nikola Tesla, vite récupérées par le Pentagone peu après la mort du Maître.

Un instant, Max vit se profiler le regard catastrophé du chercheur rival de Edison. S'il avait pu voir ce que les futurs humains avaient fait de ses créations!

Max : -Deus Ex Machina. C'est cela qu'ils veulent, acquérir le pouvoir par l'accumulation des technologies de pointe. Quant à leur identité, et bien... Ils ne sont rien moins que les douze plus puissants parmi les puissants, aux Etats-Unis. On y retrouve des patrons de multinationales, des chefs de services de renseignements, des ministres, et j'en passe. D'après la légende, le seul Président à avoir voulu les dénoncer a été un certain Kennedy...

La photo suivante montrait le Président JFK dans sa limousine ouverte, un instant avant les coups de feu.

Max : - A la base, ils se sont servi d'un agent du MI5, pour éliminer l'un des leurs, qui devenait trop gourmand, puis ils ont tenté de récupérer cet agent pour leur propre compte. Ils se sont vite rendus compte qu'ils n'y parviendraient pas, l'agent étant une tête de mule idéaliste, et ont donc tenté de l'éliminer. Echec! En l'enfermant dans une base surnommée Groom Lake, il lui ont permit de récupérer des documents prouvant leur existence et leur implication dans pas mal d'affaires louches. Le mat est venu plus tard, lorsque l'agent a vu sa crédibilité blindée, lorsqu'il a empêché une bombe nucléaire de ravager Colorado Springs et la base de Cheyenne Mountain, puis sauvé le vice-Président d'un attentat en plein ciel...

Max revit apparaître la tête de MJ I, qui se voyait obligé de serrer la main de son ennemi devant les photographes du monde entier, tout en arborant un sourire ravi... Un sourire étira ses lèvres.

Max : - Cette crédibilité n'a pas empêché les MJ XII de pourchasser cet agent, et de tenter de le faire disparaître, mais seulement au cours d'opérations commanditées par un ou deux des membres du groupe. Tant que les documents ne sont pas récupérés ou détruits, il est pour eux hors de question de tenter quoi que ce soit ensemble. Et pourtant, cet homme...

Max revit le visage de ce noir moustachu, qui l'avait reconnu dans le couloir de l'hôpital. Une fois de plus, il se demanda pourquoi il l'avait laissé filer. Qu'espérait-il? Se servir de Max contre l'un ou l'autre de ses patrons? Quoi?

Max : - Cette histoire commence loin. En 1939, pour être précis.

La jeune femme se redressa sur son siège, son expression devint grave. Max déploya un écran mural et fit apparaître une première image pour commencer son discours. Haley resta un instant surprise en le reconnaissant puis ses sourcils se froncèrent. Elle ne fit aucun commentaire.

Max : - Cet homme, cela est reconnu, était un fervent adepte des sciences dites parallèles. Durant des années, il a envoyé des expéditions un peu partout, surtout en Orient. Le fait est qu'ils ont trouvé des choses assez intrigantes.

Des images défilèrent montrant des soldats qui arboraient non sans fierté des objets aux formes...étranges. Même l'art moderne n'avait pas exploré cette sorte de vision. La poète en déduisit que ce n'était vraisemblablement pas l'œuvre n'était pas celle d'un être humain sensé ou non.

Max : - D'après ce que je sais, ce sont eux qui ont trouvé la première Prison, tu sais, celle des Créatures dont je t'ai un peu parlé. L'expédition à été décimée, on ne les a jamais retrouvés. Cependant, un artefact a été utilisé par les scientifiques de ce pays pour mener des recherches.

Jusque là, la jeune femme suivait le raisonnement. La photographie suivante montrait un homme au regard profond avec une admirable barbe blanche, Viktor Schauberger comme le présenta Max père d'un objet volant non identifié. La poète haussa un sourcil. Il était entrain de lui parler d'OVNI. Perplexe, elle ne dit pas un mot. Les Américains et les Russes s'étaient ensuite disputer les recherches des Allemands. Le nombre de personnes concernées augmentaient nettement. Le monde entier allait-il finir par se retrouver impliquer ? C'était bien parti en tout cas.

Max : - Deux ans après la fin de la guerre, il y eut l'incident de Roswell, et c'est là que l'on a entendu parler pour la première fois de ces hommes. Ils ont fait très fort, je dois le reconnaître! Transformer l'échec d'un test secret en une légende! Ils ont trouvé la meilleure des cachettes:m la pleine lumière! En effet, à la suite de ce crash, il ont laissé croire qu'il s'agissait d'extra-terrestres, avant de prétendre le contraire. Dans le même temps, ils révélaient leur existence.

Les « ils » désignaient sans doute les hommes qui les avaient poursuivis. Max confirma l'hypothèse en les présentant sous le nom de Majestic XII. Une organisation qui savait visiblement très bien garder les informations secrètes ce à n'importe quel prix. Si Stranger avait mis le doigt sur quelque chose d'essentiel, il semblait que c'était bien le cas, il était tout à fait logique qu'il soit poursuivi. Et en se trouvant dans le périmètre, Haley réalisa qu'elle s'était embarquée aussi dans l'histoire. La diaporama suivante montrait un graphique. La courbe descendait régulièrement jusqu'à arriver au point mort, exprimant les ressources de pétrole qui restaient.

Max : - Aujourd'hui, le monde traverse un crise énergétique sans précédent. C'est pourquoi ils se sont mit en tête de trouver, contrôler et domestiquer les Créatures, sans imaginer qu'elles ne pourraient être contrôlées, et utilisées comme pompes à énergie! Mais je m'égare. Leur but est la récupération de toutes les technologies trop rentables pour être laissées à disposition du public, comme les inventions de Nikola Tesla, vite récupérées par le Pentagone peu après la mort du Maître.

La proportion que prenait l'affaire devenait énorme. Le monde était donc bel et bien totalement engagé. Jusqu'au bout. Et si j'ai bien tout compris en voulant utiliser les Créatures comme ressources énergétiques, ils courent à la perte de notre monde, songea la jeune femme. Elle passa pensivement un doigt sur la cicatrice de sa tempe.

Max : -Deus Ex Machina. C'est cela qu'ils veulent, acquérir le pouvoir par l'accumulation des technologies de pointe. Quant à leur identité, et bien... Ils ne sont rien moins que les douze plus puissants parmi les puissants, aux Etats-Unis. On y retrouve des patrons de multinationales, des chefs de services de renseignements, des ministres, et j'en passe. D'après la légende, le seul Président à avoir voulu les dénoncer a été un certain Kennedy...

Grand plongeon dans la théorie de la conspiration où tout le monde trempe d'une manière direct ou indirect. Photo de Kennedy dans sa limousine peu avant sa mort. Jusqu'où cela remontait-il ? Le simple fait de vouloir empêcher une catastrophe avait fini par un meurtre. Défier les puissants était toujours une idée folle. Mais assassiner un président des Etats Unis était encore plus fou. Les proportions devenaient plus inquiétantes. Haley sentit une vague d'angoisse la traverser.

Max : - A la base, ils se sont servi d'un agent du MI5, pour éliminer l'un des leurs, qui devenait trop gourmand, puis ils ont tenté de récupérer cet agent pour leur propre compte. Ils se sont vite rendus compte qu'ils n'y parviendraient pas, l'agent étant une tête de mule idéaliste, et ont donc tenté de l'éliminer. Echec! En l'enfermant dans une base surnommée Groom Lake, il lui ont permit de récupérer des documents prouvant leur existence et leur implication dans pas mal d'affaires louches. Le mat est venu plus tard, lorsque l'agent a vu sa crédibilité blindée, lorsqu'il a empêché une bombe nucléaire de ravager Colorado Springs et la base de Cheyenne Mountain, puis sauvé le vice-Président d'un attentat en plein ciel...

Un sourire étira les lèvres de Max, mais la jeune femme n'y faisait absolument pas attention. Elle regardait fixement la photographie du président insouciant qui allait mourir dans sa limousine parce qu'il avait été trop naïf. Mince...

Max : - Cette crédibilité n'a pas empêché les MJ XII de pourchasser cet agent, et de tenter de le faire disparaître, mais seulement au cours d'opérations commanditées par un ou deux des membres du groupe. Tant que les documents ne sont pas récupérés ou détruits, il est pour eux hors de question de tenter quoi que ce soit ensemble. Et pourtant, cet homme...

Max ne termina pas sa phrase. L'index de la poète glissait sur la nouvelle cicatrice, ignorant la douleur que cela provoquait. Elle en avait oublié ses souffrances cardiaques, sa fatigue, ses inquiétudes. Elle se leva sans quitter l'écran des yeux. Elle ne voyait plus vraiment la photographie. Soudain, elle sentait un immense poids reposé sur ses épaules. Certes, elle ne savait pas tout mais... La jeune femme se tourna vers Max. Sans doute n'en avait-il jamais parlé à personne. Depuis combien de temps exactement vivait-il ainsi ? La force mentale que cela demandait était un exploit à atteindre. Il s'agissait de résister sans sombrer dans la folie la plus totale pour finir par se suicider dans un coin. Une petite voix lui murmura que l'idée avait déjà effleurer Stranger. D'un autre côté, il ne pouvait pas tout lâcher d'un coup.

Haley cherchait désespérément quelque chose à dire sans rien trouver. Ignorant pourquoi, elle se sentait triste à pleurer. Et dire que toute la population humaine, à part un petit groupe, vivait dans l'innocence la plus totale, sans savoir ce qui lui pendait au bout du nez. Une menace de taille, puisqu'il s'agissait d'exploiter des Créatures, êtres pas coopératifs de nature et sans aucun doute indomptables. La gravure lui revint en mémoire. Elle revint à la réalité lorsqu'elle réalisé qu'à force de la gratter, la cicatrice s'était rouverte. Quelques larmes de sang roulaient sur sa peau blanche. Une nouvelle pensée l'en désintéressa complètement. Elle comprenait mieux pourquoi Max disait que sa vie ne tenait qu'à une mallette. En lui révélant tout cela, il lui faisait preuve d'une grande marque de confiance envers elle.

Pas question de laisser tomber maintenant... Je te prédis un avenir mouvementé, Haley James !

Elle inclina la tête, pensive. Tout avait commencer par les idées d'un fou furieux pour aboutir à cela. C'était horrifiant et en même temps passionnant. Mais avant de faire des plans, la poète devait digérer l'information. Gérer cette boule d'angoisse et aussi cette inexplicable tristesse. Elle s'assit sur un fauteuil, se désintéressant totalement de la crème anglaise. La jeune femme ne trouvait toujours pas quelque chose à dire, incapable de formuler une phrase correcte. Fermant un instant les yeux, l'image de la gravure s'imposa à nouveau à elle.

Haley : - Je vois déjà mieux l'ampleur de cette histoire... Le simple fait de vouloir utiliser les Créatures comme ressources tient de la folie pure qui terminera sur une catastrophe mondiale provoquée directement par les malades qui veulent voir ce projet aboutir ou indirectement par les...choses qu'ils ont réveillé... Okay... En parallèle il y a les MJ XII qui te courent après depuis longtemps si j'ai bien compris... bon...

Elle ne parlait pas vraiment, Haley pensait à voix haute s'adressant à Max et à elle-même. L'importance de ces informations, la grandeur de ce projet mené par des fous... L'existence même des Créatures, tout cela était impensable, impossible pour elle il y avait encore quelques minutes. Mais la réalité était bien là, il fallait donc réagir en fonction et ne pas se faire littéralement écrabouiller par elle.

J'ai pas survécu dans un enfer de maffieux pour mourir maintenant, bêtement assassiner par les MJ XII quand même !

Ses pensées commençaient à se restructurer. Le reste des questions s'était littéralement évaporé.

Max réalisa après coup l'énormité de tout ce qu'il venait de dire: un groupe para-gouvernemental surpuissant, des paramilitaires au-dessus des lois, des Créatures maléfiques, et au milieu de tout ça, lui, qui était peut-être en réalité enfermé quelque part, dans une pièce aux murs capitonnés. Comment ne pas douter de la réalité en vivant comme Max l'avait fait ces dernières années? Comment prétendre pouvoir encore distinguer le vrai du faux, dans un monde où tout n'était qu'apparence?

Haley : - Je vois déjà mieux l'ampleur de cette histoire... Le simple fait de vouloir utiliser les Créatures comme ressources tient de la folie pure qui terminera sur une catastrophe mondiale provoquée directement par les malades qui veulent voir ce projet aboutir ou indirectement par les...choses qu'ils ont réveillé... Okay... En parallèle il y a les MJ XII qui te courent après depuis longtemps si j'ai bien compris... bon...

Quelle journée de fous! Max était parti chercher des infos auprès d'un patient d'institut psychiatrique, et le voilà qui se retrouvait avec une équipière aussi inattendue que crédule! Un instant, Max fut tenté de se moquer d'elle en lui prétendant que tout n'était qu'une invention. Il allait le faire, mais se ravisa, sachant pertinemment que cela aurait été peu convaincant, et très peu loyal, envers Haley.

Max : - C'est curieux, ça me rappelle un peu Umbrella... Ah, mais oui! Le fameux conjuré que j'ai abattu! Il était l'un des cinq codirecteurs de la NSA, et s'appelait Jephro Spencer. Comme par hasard, son petit trafic personnel était voué au clonage et aux nanotechnologies... Et accessoirement, il était le demi-frère d'un certain Oswell Spencer. Ça ne te rappelle rien?

Le regard de Max se fit vague, perdu dans ses pensées. Comment ne pas croire au Destin avec des coïncidences pareilles?

Max : - On dirait presque que quelqu'un s'amuse à relier toutes les pires ordures et à me jeter le tout dessus... Loin de moi l'idée d'être paranoïaque à l'excès, mais je commence à croire que quelqu'un m'a maudit, pour avoir autant d'ennuis!

HJ: Arf, 3615 pas d'inspi, qui demandez-vous? ><

Max : - C'est curieux, ça me rappelle un peu Umbrella... Ah, mais oui! Le fameux conjuré que j'ai abattu! Il était l'un des cinq codirecteurs de la NSA, et s'appelait Jephro Spencer. Comme par hasard, son petit trafic personnel était voué au clonage et aux nanotechnologies... Et accessoirement, il était le demi-frère d'un certain Oswell Spencer. Ça ne te rappelle rien?

Haley le regarda sans répondre, doutant qu'il attendait une réponse d'une manière quelconque. Son esprit était déjà très occupé à classer toutes ces nouvelles informations en se demandant si tout cela était bien vrai ou si ce type inventait tout.

Max : - On dirait presque que quelqu'un s'amuse à relier toutes les pires ordures et à me jeter le tout dessus... Loin de moi l'idée d'être paranoïaque à l'excès, mais je commence à croire que quelqu'un m'a maudit, pour avoir autant d'ennuis!

Et pourquoi pas ? Il y a déjà des créatures techniquement surnaturelles qui existent, un complot mondiale avec des OVNI et des agents spéciaux ultra efficaces. Alors une malédiction, on est plus à ça près...

Elle soupira. Ou alors peut-être que c'était voulu. Le pousser le plus loin possible jusqu'à ce qu'il craque était une méthode comme une autre pour s'en débarrasser sans se salir les mains. La jeune femme secoua la tête, elle n'allait pas se laisser aspirer dans ce maelström. Cela dit, elle fouillait sa mémoire. Une des plus grandes familles mafieuses ne pouvait pas ne pas tremper dans cette affaire.

Haley : - Umbrella, c'est bien l'entreprise avec le parapluie rouge ?

Un sourire cynique étira ses lèvres. La boucle était bouclée. Elle redressa la tête et le regarda droit dans les yeux, impassible.

Haley : - Je vais finir par croire que toute cette histoire est calculée. Ou carrément que je suis maudite aussi. Je connais bien Umbrella. Et monsieur Spencer.

Son expression restait de glace, impénétrable. Son travail l'avait conduite à s'aventurer sur de nombreux terrains glissants, comme celui d'Umbrella. A un point que Max n'imaginait sans doute pas. La dernière limite franchit couterait la vie à la jeune femme tôt ou tard. Elle se resservit un verre de scotch, considérant le pistolet posé sur la table avec tentation. Combien donnerait-elle pour pouvoir poser le canon sur la tête du parrain ? Elle vida son verre à petites gorgées, pensive. Tout avait une finalité. Un lien. Une cause pour un effet. La vie se résumait à cela. Ensuite, chacun brodait un peu autour. La poète était dans ses heures sombres.

Haley : - Je vais peut-être y retourner un petit moment. (elle se leva, fit quelques pas) J'ai déjà entendu parler d'un gros projet parfaitement confidentiel. Le « parrain » n'en parlait jamais, pas même à moi. Juste une fois. Si je reviens, je pourrais lui soutirer des infos et ensuite...j'aviserai.

Elle hocha la tête pour elle-même. L'idée n'était pas mauvaise. Mais il faudrait agir avec prudence. Lorsqu'ils viendraient, elle se défendrait comme ils s'y attendaient. Et avec le temps, pas tout de suite bien sûr, mais elle pourrait faire croire que Stanislas avait encore un ascendant sur elle. Ou bien...

C'est n'importe quoi Hal, arrête tout de suite !!!

Une voix mentale lui hurla cela avec une force surprenante qui l'engourdit un peu, la laissant comme à la sortie d'un mauvais rêve.

Haley : - Umbrella, c'est bien l'entreprise avec le parapluie rouge ?

Max hocha distraitement la tête. Il était peut-être naïf à bien des égards, mais ne doutait guère que Haley ait, elle aussi, entendu parler, d'une façon ou d'une autre, des œuvres de la sinistre firme au parapluie. Tout le monde la connaissait, mais personne ne voulait en parler ouvertement. Trop de pouvoir, trop de risques... Haley releva la tête, l'air décidée, et planta son regard dans celui de Stranger.

Haley : - Je vais finir par croire que toute cette histoire est calculée. Ou carrément que je suis maudite aussi. Je connais bien Umbrella. Et monsieur Spencer.

Monsieur Spencer?

Max eut un frisson, rien qu'à la manière dont Haley avait prononcé ce nom. Obscurément, il sentit que quelque chose reliait Haley à Spencer. L'avait-elle déjà croisé par le passé? Comment? Dans quelles circonstances? Max se rendit soudain compte à quel point il ignorait tout de la jeune femme. Il la vit se verser un nouveau verre, le regard posé sur le Walther. Même s'il ne savait rien de la situation, Max aurait juré que Haley aurait payé cher pour pouvoir descendre elle-même Spencer. Une seconde, Max se rendit compte que cela était exactement ce qui lui était arrivé, quelques années auparavant.

Haley : - Je vais peut-être y retourner un petit moment. J'ai déjà entendu parler d'un gros projet parfaitement confidentiel. Le « parrain » n'en parlait jamais, pas même à moi. Juste une fois. Si je reviens, je pourrais lui soutirer des infos et ensuite...j'aviserai.

Max : - Y retourner? De quoi parles-tu? Et à quel... parrain fais-tu allusion?

Max se leva à la suite de Haley, qui avait fait quelques pas. Un parrain? Une mafieuse, elle? Incroyable! Rarement surpris, Max était pour le coup complètement abasourdi. Il posa sa main sur l'épaule de son amie.

Max : - Qui est-il? Dis-le moi, que je puisse t'aider! Tu te doutes que je connais bien ce genre de milieu! Tu m'a aidé, laisses-moi faire de même.

Haley : - Je vais peut-être y retourner un petit moment. J'ai déjà entendu parler d'un gros projet parfaitement confidentiel. Le « parrain » n'en parlait jamais, pas même à moi. Juste une fois. Si je reviens, je pourrais lui soutirer des infos et ensuite...j'aviserai.

Max : - Y retourner? De quoi parles-tu? Et à quel... parrain fais-tu allusion?

La jeune femme contempla l'expression de Max qui se métamorphosait sous le coup de la surprise. C'est vrai qu'elle ne lui avait pas clairement dit qu'elle avait fait partie de la mafia. Elle n'aimait pas trop qu'on l'appelle mafieuse, ça donnait un côté film noir et blanc déplaisant. C'était pourtant bien le cas. Il posa la main sur son épaule, visiblement abasourdi.

Max : - Qui est-il? Dis-le moi, que je puisse t'aider! Tu te doutes que je connais bien ce genre de milieu! Tu m'a aidé, laisses-moi faire de même.

Haley : - Moui, pourquoi pas...

Elle réfléchit un instant. Par où allait-elle commencer. Son regard tomba sur la photographie de Kennedy quelques secondes avant le drame. L'un des tireurs, celui qui n'avait pas été tué, était un agent proche de son ancien « patron ». Tout ce que Max avait raconté était sans doute vrai. Le parrain trempait dans tout cela, c'était presque évident, mais d'une manière très discrète et il mettait très peu d'agents dans le coup. Haley en avait fait partie et en avait payé les frais.

Haley : - Personne ne connait vraiment son nom et rares sont ceux qui l'ont vu en face. C'est quelqu'un de cruel, de froid, de calculateur. Il vous fait croire qu'il tient à vous alors qu'en fait pas du tout. En général les nouveaux se font avoir tout de suite et disparaissent tragiquement. Je faisais partie de ses agents « préférés ». Nous étions envoyés sur les lieux de transactions délicates. Et surtout nous étions craints. Au risque de paraître manquer de modestie, c'était surtout moi qui effrayait. Va savoir pourquoi.

Elle le savait parfaitement. Haley était arrivé à un point de maîtrise d'elle-même qui lui ôtait parfois tout côté humain. Lorsqu'elle arrivait à ce point de concentration extrême où plus rien ne comptait, elle faisait des prouesses mais s'en souvenait rarement. Elle but une gorgée d'alcool qu'elle avala lentement.

Haley : - En tant que tueuse confirmée je me suis vite retrouvée dans le secret. Le parrain m'a parlé de monsieur Spencer. Il avait besoin de mes services. La situation m'a été exposée et ensuite... Eh bien ensuite ils se sont assurés que quoiqu'il arrive, je ne vieillisse pas trop. J'ai reçu un produit que je ne connais pas, il y avait seulement le parapluie rouge sur la seringue en métal, qui abime progressivement mon muscle cardiaque. Vers trente cinq ou quarante ans, je passerai l'arme à gauche.

La jeune femme expliquait la situation sur un ton posé, nullement émue par sa mort plus ou moins prochaine. A la longue, elle s'était fait une raison. Sa vie ne serait pas longue mais très intense, au fond c'était tout aussi bien voire mieux qu'une vie monotone terminant par la vieillesse. Cette certitude de voir la mort venir bientôt lui faisait souvent prendre des risques inconsidérés, appuyée par cette mélancolie qui ne la quittait pas. Haley partait du principe qu'il faut redouter une personne qui n'a rien à perdre comme elle, c'était le cas de beaucoup de mafieux ce qui étaient entrés dans les petits secrets du patron, ils découvraient une nouvelle sphère largement supérieure à celle des trafics. Ce n'était plus pareil, il s'agissait d'un point de non retour.

La question qui se posait surtout était de savoir si la jeune femme était prête à renoncer à sa vie actuelle qu'elle avait mis tellement de temps à construire. Retourner là-bas c'était renoncer à la poésie, à la littérature, à la peinture, à son appartement paisible et à son chat. Elle mènerait une double vie, chose qu'elle n'avait encore jamais faite. Dans la mesure actuelle des choses, la jeune femme ne savait pas exactement quoi faire. Max voulait l'aider, mais était-ce une bonne idée ? Il avait déjà pas mal de problèmes avec des poursuivants acharnés et ses recherches étaient trop importantes pour ne pas aboutir. Il était déjà sur une pente glissante, fallait-il en plus que la jeune femme l'entraine dans cette histoire ?

Appuyée contre le fauteuil, Haley se taisait, contemplant le fond de son verre avec intérêt. Pour revenir sans éveiller les soupçons, il lui faudrait réagir exactement comme ils l'attendaient. Elle devrait se défendre farouchement et les envoyer promener. Ensuite laisser un temps de flottement, rester dans le silence. Puis reprendre contact avec Stanislas. A partir de là, ce serait plus simple. Elle ne reprendrait sans doute pas tout de suite sa place de favorite, mais cela ne prendrait pas trop de temps. La jeune femme détestait cependant cette sensation particulière d'être entrainée malgré elle sur un chemin qu'elle haïssait.

Dans une affaire aussi grave, ta petite personne est sans importance Hal, mets toi ça dans le crâne.

Elle inclina la tête. Pour l'instant ils étaient bloqués dans cette planque bien cachée et ne pouvaient en sortir avant plusieurs jours. Cela lui laissait le temps de débattre avec sa conscience. Après sa rencontre avec ses anciens collègues, elle aurait sans doute droit à un petit séjour en hôpital. Pour un peu que les flics mettent leur nez là-dedans et elle serait retardée. La jeune femme ouvrit enfin la bouche, parlant lentement. Son accent autrichien ressortait un peu plus dans sa prononciation.

Haley : - Je ne sais pas si c'est une bonne idée de rajouter encore une menace à la longue liste de celles qui planent au-dessus de ta tête. Cela dit, je pourrai rester en contact avec toi et te communiquer les informations qui t'intéressent pour que tu puisses avancer de ton côté. A deux on devrait pouvoir résister à la pression psychologique qu'ils tentent d'exercer.

Elle lui sourit, nulle marque de tristesse ou de résignation sur son visage. Son regard restait impénétrable, sombre et paisible.

Max : - Qui est-il? Dis-le moi, que je puisse t'aider! Tu te doutes que je connais bien ce genre de milieu! Tu m'a aidé, laisses-moi faire de même.

Haley : - Moui, pourquoi pas...

Max scruta son amie. Comment avait-il pu ne pas voir? Ne pas parvenir à percer le masque de la gentillesse que la tueuse avait posé sur son visage? En plus de réaliser cela, et sa fierté de profileur blessée, Max se rendit compte qu'il avait révélé certains de ses plus grands secrets à une inconnue. Il avait vraiment besoin de retourner chez un psychiatre!

Haley : - Personne ne connait vraiment son nom et rares sont ceux qui l'ont vu en face. C'est quelqu'un de cruel, de froid, de calculateur. Il vous fait croire qu'il tient à vous alors qu'en fait pas du tout. En général les nouveaux se font avoir tout de suite et disparaissent tragiquement. Je faisais partie de ses agents « préférés ». Nous étions envoyés sur les lieux de transactions délicates. Et surtout nous étions craints. Au risque de paraître manquer de modestie, c'était surtout moi qui effrayait. Va savoir pourquoi.

Max : - Comment te faisais-tu appeler?

Tout en parlant, Max était allé s'asseoir devant son ordinateur. Dans un coin de l'écran, les deux silhouettes s'échinaient à se tirer de leur prison. Max les libéra d'une pression sur un bouton. Voilà à quoi il en avait été réduit, à jouer les rats d'égouts dans sa citadelle électronique. Pas de sentiments avec des machines... Une fois de plus, l'idée d'une IA lui traversa l'esprit.

Haley : - En tant que tueuse confirmée je me suis vite retrouvée dans le secret. Le parrain m'a parlé de monsieur Spencer. Il avait besoin de mes services. La situation m'a été exposée et ensuite... Eh bien ensuite ils se sont assurés que quoiqu'il arrive, je ne vieillisse pas trop. J'ai reçu un produit que je ne connais pas, il y avait seulement le parapluie rouge sur la seringue en métal, qui abime progressivement mon muscle cardiaque. Vers trente cinq ou quarante ans, je passerai l'arme à gauche.

Max : - Tu en es sûre?

Max aurait juste voulu que son ton soit un peu plus chaleureux, mais la sécheresse qui avait envahie sa voix lui avait échappée. Il se racla la gorge, essayant de donner le change.

Max : - Si je te disais que moi aussi, je suis un mort en sursis? Une balle qui me tue à petit feu depuis des années, logée dans mon cortex cervical, et entourée d'un tissu cicatriciel qui s'est changé en tumeur inopérable. Elle avance, doucement, dans la masse de mon cerveau. C'est pour ça, les saignements de nez à répétition, les migraines, et parfois la photosensibilité qui me prend. C'est aussi pour ça que je ne laisse pas tomber cette vie. Je me suis juré que mes ennemis y passeraient avant moi, et il est hors de question que je meure dans mon lit!

Il se releva, vibrant de colère contre ceux qui avaient fait de lui et de Haley des armes vivantes. Il alla jusqu'à son amie et lui posa ses mains sur les épaules. Si Max n'avait qu'une qualité, c'était la fidélité à ses amis. Même si elle avait gardé sa vie pour elle, il ferait tout pour aider Haley.

Max : - Si rien n'est plus dangereux qu'un homme qui n'a plus rien à perdre, que dire de deux êtres partageant le même but et la même fin?

Haley : - Je ne sais pas si c'est une bonne idée de rajouter encore une menace à la longue liste de celles qui planent au-dessus de ta tête. Cela dit, je pourrai rester en contact avec toi et te communiquer les informations qui t'intéressent pour que tu puisses avancer de ton côté. A deux on devrait pouvoir résister à la pression psychologique qu'ils tentent d'exercer.

Max : - Longue liste? Tu n'as pas idée!

Il eut un bref rire, mais son regard était empreint d'une noire sérénité. Il savait qu'il ne périrait pas seul, et que les MJ, Umbrella et tous ceux qui s'étaient tournés contre lui auraient à subir de telles pertes qu'ils ne seraient plus que des fantômes exsangues faciles à abattre. C'était ça, l'héritage qu'il comptait laisser au monde. Pas une famille, une maison ou un livre. Pas de création, mais uniquement la destruction. Les ordures devaient être nettoyées.

Max : - Quoi que tu puisses penser, ce genre de chose ne me fait plus rien, et je ne crains pas d'avoir à lutter contre des mafieux. Connais-tu l'Ordre du Styx? Il s'agit du plus grand réseau criminel de toute l'Europe, y compris la Russie. Ils m'ont envoyé leur meilleur assassin, Gilbert Summer, dit le Cowboy. Devine qui est en train de moisir dans une prison ultra-sécurisée? Pas moi, en tout cas.

Stranger plongea son regard dans celui de Haley.

Max : - Je ne te laisserai pas tomber, et je ne compte pas me faire tuer. Dis moi qui il est.

(HJ : j'ai remanié un peu ma première réponse )

Max : - Comment te faisais-tu appeler?

La jeune femme ne répondit pas tout de suite, elle ne s'était jamais attribué une dénomination particulière, ses équipiers s'en étaient chargés pour elle. Lorsqu'elle lui expliqua globalement sa situation, elle vit que le visage de Max s'était durci. Il ne s'attendait visiblement pas à avoir en face de lui quelqu'un d'aussi peu recommandable.

Max : - Tu en es sûre?

Le ton était sec, pas aimable pour le moins du monde. Elle ne fut qu'à moitié surprise, comprenant parfaitement. Il lui expliqua sa propre situation, cette épée de Damoclès qu'il avait lui aussi au-dessus de sa tête. Lorsqu'il s'exclama que ses ennemis le précèderaient dans la tombe, la jeune femme réalisa qu'ils n'étaient pas si différents au fond. Il se leva, quittant ses écrans après avoir libérer ses deux prisonniers, et posa ses mains sur les épaules de la poète, elle se sentit relativement petite à ce moment là. Le regard de Max était agité par la colère.

Max : - Si rien n'est plus dangereux qu'un homme qui n'a plus rien à perdre, que dire de deux êtres partageant le même but et la même fin?

Certes, vu sous cet angle...

Elle inclina la tête. Il était déjà dans une situation tout à fait compliqué, bien plus que la sienne. A eux deux, ils pouvaient trouver un moyen de s'en sortir. Et ce serait un coup de maîtres magistrale.

Max : - Quoi que tu puisses penser, ce genre de chose ne me fait plus rien, et je ne crains pas d'avoir à lutter contre des mafieux. Connais-tu l'Ordre du Styx? Il s'agit du plus grand réseau criminel de toute l'Europe, y compris la Russie. Ils m'ont envoyé leur meilleur assassin, Gilbert Summer, dit le Cowboy. Devine qui est en train de moisir dans une prison ultra-sécurisée? Pas moi, en tout cas.

Haley cacha à peine sa surprise. Elle avait bien entendu parlé de cette affaire qui avait provoqué une vague de rage générale chez tous les grands qui s'étaient fait avoir sans savoir par qui. Elle avait croisé Summer une ou deux fois, sans l'apprécier le moins du monde et ne regrettait pas de le savoir enfermé dans des tréfonds obscurs.

Max : - Je ne te laisserai pas tomber, et je ne compte pas me faire tuer. Dis moi qui il est.

Haley : - Ivan Ivanovitch Yukov.

Le grand parrain de la Bratva, la Mafia Rouge. La jeune femme saisit les deux mains de Max, reconnaissante, elle se sentait déjà un peu moins menacée. Bien décidée à lui parler de son histoire, sans non plus lui raconter sa vie dans les détails, elle sourit.

Haley : - Je peux comprendre que tu regrettes d'avoir confier des informations aussi importantes à quelqu'un que tu connais à peine, mais tu peux être certain de ceci : ce que tu m'as dit ne sera jamais répété, jamais.

Son regard se fit grave le temps qu'elle parla avant de redevenir un peu plus joyeux. Avant de mettre en place un plan, il fallait qu'elle lui révèle quelle place elle avait tenu dans l'organisation. Toujours attentive au moindre signe de faiblesse, elle contraignit le blessé à s'asseoir sur un fauteuil et s'installa sur l'accoudoir.

Haley : - Pour répondre à tes deux questions, oui je suis sûre que ce produit a un effet néfaste sur mon organisme et cela se vérifie facilement.

Prenant la main de Max, elle posa deux de ses doigts sur son cou pour qu'il puisse sentir son pouls. Le cœur battait à un rythme supérieur à la moyenne, avec parfois quelques ratés, ce qui expliquait le teint si pâle de la jeune femme. Le muscle étant fragilisé, il devait battre plus rapidement pour pomper suffisamment de sang, cela lui demandait un effort important qui engendrait une nouvelle fragilisation. Pour l'instant, la dégradation n'avait rien de fatale. Il fallait juste éviter les efforts physiques soutenus, ce qu'Haley ne pouvait pas toujours faire.

Haley : - Ensuite, je ne me suis pas donnée un surnom particulier contrairement à beaucoup. Ce genre de tradition me passait au-dessus de la tête. Et puis je n'ai pas eu besoin d'y réfléchir, à la longue mes « camarades » ont fini par me taquiner en m'appelant Lesath, si j'ai bien compris il s'agit d'une nom d'une des étoiles de la constellation du Scorpion qui se trouve au niveau de l'aiguillon mortel. Je me demande combien de temps ils ont passé à réfléchir là-dessus.

Elle ne put s'empêcher de rire en les imaginant entrain de se creuser la tête. Ce surnom lui correspondait parfaitement lorsqu'elle perdait patience, devenant aussi vive que le scorpion dans ses attaques et aussi mortelle que lui. Bon nombre d'histoires circulaient sur son compte qui relataient des missions exécutées avec une froideur horrifiante dont les victimes souffraient le martyre avant de trépasser. Elle savait faire parler les plus tenaces, leur arrachant leurs secrets en même temps qu'un cri de douleur. On racontait que le Lesath était envoyé sur les lieux les plus sensibles et savait tenir le pire des criminels à sa merci rien que par son regard. C'était presque devenu une légende. La jeune femme ignorait totalement tous ces contes racontés sur son compte estimant que c'était parfaite stupidité.

La jeune femme réfléchit longuement. Ce pseudonyme était plus une sorte de moyen de la taquiner qu'autre chose. Ils ne l'appelaient pas comme cela très souvent, du moins pas pendant une mission. Après c'était la remarque habituelle : "Tiens, Lesath a encore frappé !" accompagnée d'un rire jovial parfumé de vodka. Ce nom ne signifiait pas grand chose pour les vrais connaisseurs. Elle dévisagea un instant Max, elle avait décidé de lui dire la vérité alors il lui fallait aller jusqu'au bout.

Haley : - En fait, ce n'est pas exactement cela. Il y a tout un côté barbare que l'on me donne et qui n'est pas vraiment moi. Tu sais ils ont parfois des délires obscurs...

Elle passa une main dans ses cheveux, pensive. La poète parla d'un ton grave et posé, elle se présentait.

Haley : - Je suis Moïra, bras droit caché d'Ivan Ivanovitch Yukov. Tu as sans doute déjà du entendre parler de moi sous ce nom-là...

La Moïra, le destin, la fatalité chez les Grecs anciens. Impossible de lutter contre elle, de se rebeller. C'était bien plus poétique qu'une comparaison à un scorpion. Et ces actes étaient bien éloignés de la légende. Ce n'était plus des faits sanglants à souhait comme un mauvais film d'horreur. Un poète tombé sous le charme d'Haley l'avait surnommé ainsi et cela lui était resté. Le fond de l'histoire était belle. Mais il s'agissait de cacher au mieux la vérité. On parlait peu de la Moïra. Parce qu'on savait peu. Haley James, Lesath et Moïra étaient trois êtres parfaitement distinctes pour un bon nombre de personnes.

Elle se tourna vers Max, avec un léger sourire, plongeant son regard sombre teinté de mélancolie dans le sien.

Haley : - Je sais que ça va paraître difficile à faire maintenant, mais tu peux me faire confiance.