• Description physique : Ce qui frappe en premier lieu en regardant Eleanor, c'est son regard : de grands yeux clairs, un mélange entre le bleu, le vert et le gris, étincelant d'espièglerie et d'intelligence. Puis, son sourire, ses lèvres fines, esquissé légèrement, plongeant l'observateur dans le désarroi, quant à sa signification : malicieux, amical, ou moqueur? Il est difficile de trancher. A première vue, Eleanor n'a rien de la tueuse professionnelle qu'elle est : elle a un physique fort agréable aux yeux, très féminin, respirant l'assurance et un soupçon d'insouciance. Elle correspond néanmoins parfaitement à l'emploi qu'elle occupait avant d'intégrer la police d'Arkan City : son regard envoûtant et sa voix grave légèrement éraillée savent tenir en haleine une assistance entière d'élèves ou de jurés. Sa physionomie change du tout au tout quand elle rentre dans son rôle de tueuse à gages : plus aucune espièglerie dans son regard, une concentration extrême et un professionnalisme à toute épreuve. Non seulement elle est très crédible en portant une arme, mais elle revêt aisément toute sorte de costume, changeant d'identité sans problème, quoique sa préférée reste celle de la violoniste rêveuse qui porte dans son étui son P220 avec silencieux.
  
• Qualités : Extrêmement studieuse, rieuse, agréable à vivre, lorsqu'il s'agit de ne pas tuer quelqu'un. Concentrée, efficace et sans pitié lorsqu'il s'agit de tuer des gens. Jusqu'ici, elle n'a commis aucune bavure et sa connaissance du terrain depuis sa vingt-deuxième année lui permet de s'adapter rapidement à toutes les situations : elle est mortelle au corps à corps, à distance, et reste efficace même quand il s'agit d'empoisonner quelqu'un.
  
• Défauts : Humainement très discrète, elle ne s'étale jamais sur sa vie privée. Elle a revêtu tant d'identités différentes qu'il est désormais difficile de savoir si elle est sincère dans ses dires ou s'il s'agit d'un énième mensonge destiné à approcher sa cible ou à protéger son identité. Elle ne s'attache à personne, compte tenu de sa situation. Si elle considère son franc-parler comme un atout, il peut également être mal perçu par ses interlocuteurs, d'autant qu'elle est habile pour y glisser quelques petites insinuations cyniques.
  

"En bref, ce que je crains le plus, c'est de sombrer dans l'altérité la plus totale. Vous savez, se sentir étranger au monde, de telle manière que l'on devient un spectateur passif, sans aucune volonté de le réintégrer."

Le psychanalyste l'avait regardée en hochant la tête, comme à son habitude, en produisant quelques sons désagréables, dans le genre grognement d'approbation. Et inévitablement, cela avait agacé Eléanor. D'ailleurs, cela l'avait tellement agacée qu'elle avait tiré de la poche de sa veste son arme avec le silencieux vissé sur le canon. Elle avait l'avait pointée vers la poitrine du psy, qui avait ouvert des yeux ronds.

"Et vous savez, dans mon métier, c'est un des dangers principaux."
"Vous... Vous faites quoi, comme métier?"
"Nettoyeuse."

Et elle avait tiré une balle dans la tête de l'homme, avec un angle quasi parfait, qui pouvait faire penser que le psy s'était tué tout seul, comme un grand. Elle dévissa le silencieux, essuya la crosse, bien qu'elle portât des gants, mais elle était toujours un petit peu parano, et avait placé l'arme dans la main de l'homme. Contrat rempli. Elle avait quitté la salle de consultation d'un pas rapide et avait réintégré son appartement. Elle avait envoyé un mail crypté à son contact, pour lui signifier du succès de sa mission. Le psychanalyste publiait des pamphlets assassins sur la domination supposée de certaines entreprises dans le marché mondial. Son commanditaire n'aimait pas trop cela. En fait, Eleanor s'en foutait. Le mec payait bien, c'était tout ce qui importait.

"Il est beau, n'est-ce pas?"

Eleanor sourit, caressant l'encolure du petit cheval, qui reniflait avec circonspection la main de sa fille. La petite n'en croyait pas ses yeux. C'était un véritable bonheur que de la voir s'amuser et s'éveiller ainsi. Sa fille était son rayon de soleil. Une touche de douceur dans une carrière chaotique. Bien avisé celui qui pourrait dire ce qu'elle était vraiment : sous ses airs sages d'intellectuelle diplômée, qui pourrait douter que l'on pouvait trouver une tueuse implacable, ayant déjà de nombreuses victimes à son tableau de chasse, caracolant en tête de ce qui se faisait le mieux en terme d'exécutions.

Eleanor avait tout pour être heureuse. Elle était une brillante enseignante, et on ne tarissait pas d'éloges sur la qualité de ses cours. Elle avait une fille adorable, éveillée et prometteuse. Bon, son père les avait abandonnées, mais disons qu'au 21ème siècle, ce n'était guère étonnant. Et pour être tout à fait honnête, Eleanor n'aurait pas supporté de vivre avec un homme qui avait fait de la prison. En regardant le visage radieux de sa fille Athénais, tout lui semblait parfait, en effet. Puis, elle se souvint. Et une ombre passa sur son visage.

La naissance d'Athénais s'était déroulée sans problème, bien que le travail ait été long. La petite bouille d'ange s'était révélée en bonne santé. Puis à 4 ans, tout s'était effondré pour elles. D'une part, cela faisait déjà deux années que son père s'était fait la malle, en les endettant jusqu'au cou - Eleanor apprit rapidement qu'il était parti tenter sa chance en tant que pirate du pétrole au Vénézuela, qu'il avait été chopé, et qu'il pourrissait quelque part dans les prisons de cet Etat fort démocratique. Et d'autre part, après de graves accès de fièvre et des infections à répétition, Eleanor apprit que la chair de sa chair avait une leucémie.

Jusqu'alors, elle avait été tueuse à gages pour financer ses études. C'était un business comme un autre. D'après ses propres dires, elle préférait vendre de la mort instantanée plutôt que des cochonneries lentes comme de la drogue. Elle était juste cynique. C'était de famille. Son père lui avait appris à tirer, et sa jeunesse s'était passée à apprendre les arts martiaux, par dépit pour le loisir normal des jeunes bourgeoises parisiennes. Elle avait levé le pied pendant sa grossesse et avait prévu d'arrêter tout à fait. L'annonce de la maladie de sa fille changea la donne du tout au tout. Non seulement il fallait rembourser les dettes que son abruti d'ex compagnon leur avait léguées, mais il fallait également payer les soins, ce qui n'était pas une mince affaire.

Le code génétique d'Athénais était malheureusement très délicat. Trouver un donneur de moelle osseuse ayant une telle configuration relevait de la gageure. Cela faisait deux ans qu'Eleanor remuait ciel et terre pour trouver une solution, versant des sommes considérables à des sociétés pharmaceutiques, à commencer par celle de son père, pour combattre la maladie. Les médecins étaient pessimistes. Eleanor craignait de la perdre, évènement auquel elle ne survivrait pas.

[i]Février 2011|/i]

4h du matin. Putain de réveil. Elle le frappa violemment, ne se rappelant pas vraiment pourquoi elle l'avait mis si tôt. Ou si elle l'avait vraiment mis. Elle le jeta contre le mur en grommelant. Toujours ce bip bip incessant...

Merde. C'était son téléphone portable. Elle le chercha à tâtons, essayant de mettre de l'ordre dans ses idées. C'était son commanditaire.

"Qu'est-ce que tu me veux, Leroy, t'as vu l'heure?"
"J'ai un contrat pour toi."
"Ecoute, là je suis sur autre chose, je ne vais pas avoir le temps. Athénais ne va pas bien du tout..."
"Je sais, j'en ai entendu parler. Justement. C'est un contrat avec Umbrella."

Elle se redressa dans son lit, ouvrit un oeil en faisant un peu plus d'effort.

"Umbrella?"
"Ouais. Ils ont besoin d'un tueur à gages talentueux, sur la scène internationale. Ils offrent le pactole. Et sont prêts à faire des concessions. Du genre sur leurs technologies, ou je sais pas quoi."
"Dis toujours."
"Ils peuvent synthétiser n'importe quelle cellule. N'importe laquelle, Eleanor, tu comprends ce que ça veut dire?"

Son coeur rata un battement.

"C'est sérieux? Tu veux dire qu'ils pourraient sauver Athénais?"
"Oui. Ils peuvent. Il suffit d'obéir à leurs ordres, et ils te feront cette fleur."
"Passe moi le dossier. Je prends."

Un dossier lui fut faxé rapidement. Une liste de nom qu'il fallait abattre. Un chèque avec beaucoup de zéros. Et un espoir profond.

"Arkan City, j'arrive. D'Anceny et D'Arcy, je vous ai à l'oeil..."