L'agent Lawson était bien embêtée. Elle avait appris qu'un de ses collègues du MI:5 était arrivé à Arkan - pauvre de lui -, qu'il avait bien un appartement de loué, mais qu'il n'avait pas de portable. L'intronisation pourrait être difficile, et Lawson avait dans l'idée de donner un coup de main à ce nouvel agent. Qui sait, peut-être avait-il des nouvelles du monde autour d'Arkan? Et, elle était un peu fâchée de devoir le reconnaître, mais elle ne cracherait pas sur une ou deux news du reste des Etats-Unis, ou du monde.

Aussi glissa-t-elle sous la porte de l'appartement de l'agent Stranger une carte postale d'Arkan, avec au dos de griffonné à l'encre noire :

Bienvenue, monsieur Stranger. J'espère que vous avez fait bon voyage, la quête ne fait que commencer. 555-1200

Puis, elle était repartie à son quartier général, autrement dit son charmant restaurant, le Sarah's, aussi déprimant et pathétique cela pouvait paraître.

Max avait fait une assez longue promenade en ville, histoire de repérer les lieux dans ce qui allait devenir le cadre de son job durant une durée indéterminée. Du moins, jusqu'à ce que ses supérieurs - officiels ou réels - décident de l'envoyer ailleurs, ou jusqu'à ce qu'il démolisse la ville dans un de ces cataclysmes dont il était devenu coutumier avec le temps... Cette idée ne lui sembla pas si farfelue. Après tout, il ne se rendait que dans les endroits où se trouvaient probablement des Prisons, alors pourquoi pas ici, à Arkan?

Arkan. Rien que ce nom lui évoquait folie et destruction, établissant un sordide parallèle avec la vieille cité imaginaire d'Arkham, dans le Massachussets. Lovecraft s'était bien trompé! Sa ville puritaine et emplie de malédictions se trouvait, non pas dans son esprit, mais sur la côte ouest, avec le côté puritain qui avait laissé place à la débauche et à une dégénérescence assumée. Il n'aimait pas cette ville, tout comme il n'avait pas aimé Raccoon City. Raccoon...

Encore de mauvais souvenirs... Il se demandait régulièrement si ses rares amis de l'époque s'en étaient sorti. Jaina, Alair, tous les gars du commissariat... En un éclair, des images de sa dernière apocalyptique mission lui revinrent, le cimetière, où il avait été aider Jaina, la traversée de la ville avec la jeune femme à demi-morte à côté de lui, le bon docteur qui s'était occupé d'eux, et enfin, la destruction de la ville... Comment auraient-ils pu prévoir que le cadavre du mutant affronté allait être un des foyers de la contagion? Involontairement, ils avaient bel et bien aidé Umbrella!

Au moins, avait-il pu trouver un bel appartement dans cette ville décrépite. Un charmant loft, d'où il pouvait observer la ville, juché au sommet de son building. Inconsciemment, il avait recrée son appartement de New-York, jusqu'à la panic-room dissimulée! Armes, argent liquide, systèmes informatiques s'y entassaient, le tout caché de façon indiscernable.

Au moment où il ouvrit la porte, Max trouva une carte postale, visiblement glissée sous sa porte. Une carte d'Arkan, vantant les "innombrables" qualités de la ville... Avec un expression ironique devant une telle esbroufe, il la retourna et examina l'écriture noire. Fine, penchée bien qu'un peu négligée, elle ne donnait aucun nom, juste un message et un numéro de téléphone:

Bienvenue, monsieur Stranger. J'espère que vous avez fait bon voyage, la quête ne fait que commencer. 555-1200

La quête? Qui que tu sois, tu n'as aucune idée de ce dont tu parles!

Le numéro ne lui évoquait rien, sinon qu'il devait souscrire à un nouvel abonnement, le sien étant expiré. Emportant la carte, il ressortit du bâtiment de brique et alla droit dans une boutique de téléphonie. Attendant qu'un vendeur ne veuille bien s'occuper de lui, il alla à l'un des ordinateurs mis à disposition du public, rechercher l'identité correspondant au numéro.

Sarah Lawson. Max nota mentalement le nom, se promettant de rechercher le moindre détail sur cette femme, qui semblait en savoir un peu trop sur lui. Qui avait vendu la mèche de son arrivée à Arkan, lui qui ne correspondait à rien ni personne dans le monde du renseignement? Son nom de code était certes célèbre, mais son nom réel? Elle aurait pu avoir entendu parler de Eight-Man, mais comment savait-elle que derrière ces deux mots se cachait Max?

Deux heures plus tard, une partie de ces questions se trouva résolue. Un agent de la CIA, rien que ça! Max se méfiait instinctivement des agents de renseignement américains, et celle-ci ne ferait pas exception, bien que le seul rapport que Max ait jamais entretenu avec la CIA se résumait à une série d'incursions aussi discrètes que profondes dans les réseaux informatiques de l'Agence.

Polyglotte, excellente actrice, envoyée de la CIA, solitaire, très indépendante, parfaitement loyale envers son pays... Max se demanda si elle deviendrait un jour plus réaliste sur son beau pays, et comment elle réagirait... Pour l'heure, elle était visiblement sous couverture en tant que propriétaire et gérante d'un restaurant, le Sarah's.

Bravo pour la couverture, mademoiselle CIA!

Il se reprit. Juger avant de savoir,c'était exactement une erreur qu'un professionnel se devait de ne pas commettre. Il allait devoir être prudent, sachant d'expérience que deux bons agents face à face ne devaient jamais baisser la garde, et rivaliser d'hypocrisie. Glaner des renseignements sans en donner, voilà le truc!

Refermant la lourde porte cachée de sa chambre forte, Max tâta son veston. Son .44 Magnum allait peut-être jouer son rôle, ce soir, bien que Max préférât qu'il n'en fut rien. Il éteignit la lumière et alla à pied vers le restaurant, jouant les touristes, et souhaitant que, si elle connaissait son nom, cette Lawson ne connaîtrait pas son visage.

(tu souhaites que l'on continue ici ou qu'on se déplace au Sarah's?)

(OK, je te rends une petite visite dans ton resto!)