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 Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau

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Alexandre H. D'Anceny
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Alexandre H. D'Anceny

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MessageSujet: Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau   Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau Icon_minitimeDim 27 Fév - 2:20

Déconcertant...

Voilà ce à quoi songeait Alexandre D'Anceny. Il n'utilisait que rarement son téléphone, à part pour appeler son éditeur, Penguin Books, qui avait par hasard une antenne d'édition à Arkan, ce qui pouvait semblait presque étrange, pour une maison britannique. Le reste du temps, ce n'étaient que quelques journalistes qui voulaient savoir deux ou trois choses, éventuellement un rendez-vous. Mais jamais il n'avait encore eu droit à quelque chose d'aussi énigmatique. Pour un peu, on se croirait dans un film à suspens. Très risible.

Mais quoi, qu'y avait-il dans cet amphi, ce soir en particulier? Alexandre ne côtoyait que rarement le milieu universitaire. Il n'avait pas la prétention de faire de la grande littérature. Et il ne se sentait guère dans son élément. Peut-être était-il impressionné par la capacité des profs ou des intervenants de pouvoir parler de façon parfaitement cohérente et organisée. Il ne donnait que peu d'interview. Son écriture était instinctive, rien n'était réellement calculé, il laissait sa main se faire emporter par la vague de la ville. Il ne pouvait donc indéfiniment gloser sur sa littérature. Elle était. Point barre. A chacun de trouver en soi l'interprétation qui convenait.

Sa curiosité avait néanmoins été piquée au vif avec cet homme inconnu. Il n'avait pas eu le réflexe de lancer une localisation de l'appel, mais il avait bien senti que la conversation tournerait court, or il fallait environ 3 minutes de communication pour que le téléphone soit triangulé. Et 20 secondes, c'était loin d'être 3 minutes.

Il s'habilla fort simplement : une chemise, une veste, un jean sombre. Il prit sa voiture, une jaguar xj des années 2000 et se rendit jusqu'à la fac. C'était un grand bâtiment en pierre, qui semblait assez ancien, qui ressemblait finalement assez à la Sorbonne du quartier latin de Paris. Il se gara, sortit de la voiture, et déambula dans la cour, à la recherche d'indices qui pourraient le renseigner sur ce qu'il était censé faire ce soir.

Il s'agissait d'une conférence sur le Mythe des Villes Maudites, menée par un enseignant français. A première vue rien qui pourrait l'intéresser. Enfin, il n'avait rien de prévu pour ce soir, peut-être que cela serait intéressant pour lui. Il se décida à entrer, poussé par la horde d'étudiants avides de savoir.

Il pensait bien que le sujet ne serait pas Arkan même. Sans doute tout un tas de théories farfelues sur le fait d'écrire. Il allait peut-être même s'insurger. Enfin un peu d'action ! En poussant la porte, il ignorait encore que sa soirée était loin d'être terminée.


Dernière édition par Alexandre H. D'Anceny le Mar 1 Mar - 10:44, édité 1 fois
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Haley James

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MessageSujet: Re: Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau   Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau Icon_minitimeLun 28 Fév - 19:49

Haley regarda l'heure sur son Mac, pensive. Elle n'arrivait pas à terminer un sonnet, l'inspiration s'était évaporée soudainement. En soupirant, elle enregistra les quelques lignes écrites et éteignit son ordinateur. Elle ne savait quoi faire de sa soirée. Son chat dormait paisiblement sur le canapé devant une émission totalement débile de cuisine. Sa guitare reposait dans un coin. L'ennui languissait dans tout l'appartement. La jeune femme éteignit la télévision, attrapa son sac et son manteau et sortit en claquant la porte, énervée de ne pouvoir rêvasser dans son propre refuge. Fermant la porte à clef, elle descendit lentement les escaliers dans la demi-obscurité. Le soir, le quartier Est devenait un peu risqué, moins que la banlieue bien évidemment. À la sortie de l'immeuble, elle se trouva face à la cathédrale, immense et sombre. Le vent sifflait, passait entre ses deux flèches. Les portes étaient fermées. La nuit lui donnait une aura lugubre de lieu abandonné. Haley y passait régulièrement, appréciant le silence glacé de la nef. Elle y songeait tranquillement, à peine déranger par un prêtre avec lequel elle avait fini par se lier d'amitié. Ses petits pas discrets s'entendaient à peine. Lorsqu'il s'activait pour la préparation d'une cérémonie, la jeune femme le regardait, décomposait ses mouvements emplis de sérénité en se demandant comment ce petit bout d'homme faisait pour ne pas être inquiété plus que cela par l'atmosphère de la ville. Mais ce soir là, elle n'avait pas la moindre envie de le rejoindre dans sa solitude sacrée. Arrangeant son écharpe pour mieux se protéger du froid, elle se mit en route.

Elle pensait aller boire un café quelque part, un petit bar lui plaisait assez, non loin de la cathédrale. Une fois de plus, Haley n'avait pas envie de suivre ses habitudes. C'était un de ces soirs lugubres où la mélancolie profonde effaçait son habituel sourire qu'elle affichait à l'extérieur. Elle avait le regard grave, d'une profondeur d'abime. Elle traversa plusieurs rues, suivit les grands axes et se retrouva dans les quartiers Nord de la ville. Une première envie la mena jusqu'à la bibliothèque. L'attirance irrésistible que les livres exerçaient sur elle la poussa à entrer, à se perdre dans les rayons. Ses doigts couraient sur la tranche des ouvrages, s'arrêtaient sur certaines, maniaient l'œuvre avec mille précautions. En quelques minutes, elle se retrouva avec un recueil de Lamartine, un autre d'Aragon et un troisième de Baudelaire, son favori. Parcourant le second étage, elle emprunta aussi un roman sans même en regarder le titre et l'auteur. Il lui était tombé sous la main, par hasard. Fourrant tous ces livres dans son sac, elle ressortit, satisfaite d'avoir trouvé de quoi occuper sa soirée. Sans doute y avait-il un restaurant dans les environs où elle pourrait dîner en toute tranquillité.

Elle passa devant l'Université d'Arkan. Une foule d'étudiants se pressait à l'entrée d'un amphithéâtre. Haussant un sourcil, Haley approcha silencieusement. Une affiche annonçait une conférence donnée par un célèbre enseignant français qu'elle connaissait vaguement. Échappant à la pression de la foule, elle attendit un instant, se demandant si elle allait y assister ou non. Le Mythe des Villes Maudites. Ayant du temps à perdre, la jeune femme entra et s'installa sans même regarder à côté de qui. Son regard passa sur les étudiants qui entraient et cherchaient à se placer rapidement. Certains durent rester debout, d'autres s'assirent sur les marches. L'amphithéâtre fut rapidement plein. Elle ouvrit son manteau, posa son écharpe sur ses genoux et chercha dans son sac Les Fleurs du Mal. Son teint pâle contrastait avec la chemise noire qu'elle portait, le col ouvert laissant voir la blancheur d'albâtre de son cou.

Le conférencier n'était pas encore arrivé alors que le flot d'étudiants ne s'interrompait pas. Haley lisait tranquillement, totalement coupée du monde, en proie à une profonde rêverie qui lui faisait parfois lever son regard perdu dans les songes. Le brouhaha ne la dérangeait nullement. Le silence se fit, ce qui la tira de son monde. Elle ferma rapidement son livre, le rangea dans son sac prenant à la place un bloc notes et un stylo. Le conférencier prit place et commença son exposé, très clair dans ses propos, avec un plan efficace pour sa démarche. Haley prenait quelques notes mais griffonnait surtout sans y faire attention. Ses doigts dessinèrent la cathédrale, s'attardant sur chaque détail, des ombres couraient devant, l'une d'elle en poignardait une autre. Machinalement, elle détacha la page quand elle se rendit compte de son dessin, comptant bien le jeter une fois la conférence terminée. Aussitôt en face d'un nouveau feuillet vierge, le stylo reprit par envie de dessin, traça cette fois un jardin verdoyant que la jeune femme avait traversé une fois en France. Tandis que ses doigts faisaient ce qu'ils voulaient, son regard s'était posé sur le conférencier, l'écoutant avec attention.
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Alexandre H. D'Anceny
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MessageSujet: Re: Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau   Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau Icon_minitimeLun 28 Fév - 21:21

D'accord. C'était sans doute un incroyable maître de conférence. Les intervenants étaient intéressants, mais ne valaient pas Julia Kristeva. Il esquissa un sourire. Son esprit voletait, et son regard passait d'un assistant à un autre. Qui donc pouvait lui avoir donné ainsi rendez-vous, dans une conférence sur la Ville Maudite? Surtout en littérature. Il avait l'impression d'être la victime d'une blague géante. Ou d'une grosse ironie.

Une jeune femme s'était assise à côté de lui. Une femme d'une beauté presque surréaliste, presque sortie tout droit d'une pub pour un parfum ou je ne sais quoi encore. Elle était jeune, mais n'avait pas le profil d'une étudiante, le regard grave. Pendant un instant, il se fit tout un tas de scénario dans sa tête, en imaginant ce qui pouvait rendre la jeune femme ainsi mélancolique. Ses mains prenaient des notes sur une feuille blanche, volaient gracieusement. Son regard s'attarda sur le crayon, puis sur les traits. Il fronça brièvement les sourcils quand il prit un peu de recul et qu'il regarda le dessin. La jeune femme esquissa un mouvement pour détacher la feuille, Alexandre détourna les yeux, pour se faire plus discret. Il avait peur de se faire prendre, comme un voleur, la main dans le sac, ou plutôt les yeux dans le panier. Son regard reprit son chemin, s'attarda sur la gorge pâle et délicate, sur les traits de son visage, ses lèvres légèrement entrouvertes, son regard si joli tandis qu'elle se concentrait sur le conférencier. Le temps semblait s'être suspendu, tandis qu'il l'observait à son gré, paisiblement, presque en souriant... Le retour à la réalité fut brutal, tandis que le conférencier se levait pour remercier les étudiants de leur attention, et faisait le générique des intervenants.

La jeune femme finit par se lever, et Alexandre ressentit au fond de son coeur comme une profonde injustice. Pourquoi ne lui permet-on pas de rester assis à côté de cette jeune femme anonyme, pour enfin regarder la beauté s'épanouir dans ce monde si bas et si maudit d'Arkan? C'était dégueulasse ! En la regardant de plus près, tandis qu'il ramassait son sac, il vit qu'elle n'était pas si anonyme que cela : il connaissait ses traits, il l'avait sans doute vu dans des journaux... Un mannequin, une actrice? Son regard tomba sur le recueil de poésie qu'elle avait ouvert en entrant. Une poète. C'était sans doute Haley James. Elle avait déjà du succès ici. Peut-être que son éditeur lui avait touché deux mots d'elle, il ne savait plus. En tout cas, elle était bien plus belle en réalité que sur les photos, qui sont déjà fort charmantes.

Il se leva, ses lèvres bougèrent tandis qu'il balbutiait absolument rien. Elle lui tournait le dos, et il cherchait à toute vitesse quelque chose à lui dire. Quand il regarda sur le sol. La feuille où la jeune femme avait griffonné était tombée. Il se pencha, la ramassa. Il allait pour lui rendre, mais elle était déjà loin. Il la serra doucement dans ses mains. L'espace d'une seconde, il fut transporté au XVIIème, en plein milieu de la Princesse de Clèves, lors de l'épisode du Portrait de la Princesse que Nemours dérobe sous ses yeux. Il avait l'impression que cette feuille était un trophée, un morceau d'elle même qu'elle lui avait offert sans même s'en rendre compte, un cadeau inestimable pour un homme si solitaire.

Et la réalité lui revint directement dans la face : elle n'en avait strictement rien à faire, de ce morceau de papier aux dessins mortifères. C'était cruel, mais au moins pouvait-il lui adresser quelques mots, avec ce prétexte.

Il la cherchait du regard, roulant une cigarette entre ses doigts légèrement tremblant, s'imprégnant de l'odeur du tabac brun. Il la trouva, dans le faisceau de lumière jaune d'un lampadaire. Il s'approcha d'elle. Il en avait oublié la raison pour laquelle il était sorti de son antre. Un homme sortit de l'ombre, il fit quelques pas dans sa direction.

? : - Monsieur D'Anceny.

Il sursauta, se tourna vers lui. Puis, il se souvint de l'appel téléphonique. L'inconnu, ce genre de choses. Il maugréa intérieurement.

Alexandre : - Que puis-je pour vous?
? : - Vous vouliez savoir des choses sur la ville, n'est-ce pas?
Alexandre : - Oui, bien sûr, je...

Le coup de feu partit. Il s'accroupit instinctivement, se protégeant le visage de son bras. Les gens paniquèrent instantanément et se mirent à courir dans tous les sens, bêtes apeurées. Son contact venait de s'effondrer sur le bitume, une main serrée sur sa poitrine, du sang coulant entre ses doigts. D'autres coups retentirent, près d'Alexandre.

Alexandre : - Merde, merde...

Tout ses réflexes de commando reprirent le dessus, et ses mains se glissèrent derrière son dos. Merde, il n'avait pas pris son flingue. Il chercha tout autour, essayant de distinguer le tireur. Le bruit était effrayant, à chacune des détonations. Probablement un Sniper. Merde. Il était là, comme une chèvre bêlante devant le loup menaçant. Les flics n'allaient pas tarder à venir. En réalité, ils allaient encore mettre trois plombes à se déployer, et le sniper aurait eu le temps de faire des morts. Il fallait rester mobile. Il était clair que le tireur en avait après lui. Il se releva, courut jusqu'au cadavre. Un éclat métallique avait attiré son attention. Un pistolet. Faites que ce soit un pistolet. Il écarta le pan de la veste de l'homme et découvrit un holster. Son coeur rata un battement. Il sortit cette arme, la porta à son regard, lentement. Elle lui était familière. Quelque chose n'allait pas. Il connaissait les petits caractères inscrits sur l'acier du canon. C'était vraiment pas bon.

Tandis qu'il était pris à ses souvenirs, le sniper tourna le canon vers lui. Son doigt se posa sur la gâchette. Il allait tirer. Et Alexandre était en plein dans la ligne de mire...
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Haley James

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MessageSujet: Re: Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau   Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau Icon_minitimeLun 28 Fév - 23:36

Haley écouta le conférencier et ses intervenants avec beaucoup d'attention. Le stylo en avait terminé avec ses griffonnages et prenait des notes sérieuses. Sa concentration était cependant perturbée par une étrange sensation. La jeune femme se sentait observée. Par son voisin. Elle se redressa et tourna légèrement la tête. Ses traits ne lui étaient pas inconnus. Ramenant son attention sur le professeur français, elle fouillait sa mémoire pour mettre un nom sur ce visage. Ne notant plus rien du tout, les sourcils froncés, elle réfléchissait quand soudainement l'identité de son observateur s'imposa à elle. Il s'agissait du célèbre écrivain Alexandre Honor D'Anceny. Et il semblait très occupé à la dévisager. Haley tenta de se replonger dans la conférence. Une envie brusque de sortir l'avait saisie, la jeune femme voulait fuir cette odeur caractéristique qu'émane la masse d'êtres humains entassés dans un amphithéâtre. Les étudiants posèrent des questions. Le conférencier y répondit, remercia les intervenants. Sans attendre une seconde de plus, la misanthrope rangea ses petites affaires dans son sac, remit son écharpe et se leva. Le flot d'étudiants qui s'était pressé à l'entrée la poussa vers la sortie. Elle inspira une grande bouffée d'air frais avec bonheur et se réfugia sous un lampadaire un peu à l'écart. Deux nouvelles envies se manifestèrent alors : fumer un havane et manger un morceau. Elle sortit un cigare de sa poche intérieure, en savoura le parfum. L'écrivain approchait, avec un air singulier au visage, il semblait chercher un prétexte pour lui parler. Il fut interrompu par un homme sortit de nul part. Leur conversation s'engagea dans des murmures. D'Anceny paraissait à la fois ennuyé d'avoir été arrêté dans sa tentative d'approche et intéressé par ce que son interlocuteur lui racontait. Haley cherchait encore son zippo quand un coup de feu retentit et qu'un mouvement de foule paniquée la fit sursauter. Son havane tomba sur le sol, et termina piétiné par un groupe de jeunes gens affolés.

J'avais oublié que passer une soirée paisible dans cette ville était un fait impossible...


L'homme qui parlait à l'écrivain s'effondra sur le sol, son sang jaillissait d'un trou qui perçait sa poitrine. Ses doigts, déjà roidis par la mort, serraient dans un dernier mouvement convulsif sa chemise se teintant de pourpre. D'autres tirs résonnèrent encore, achevant de répandre un vent d'horreur parmi les quelques étudiants qu'il restait. Le sniper devait être sacrément débile ou maladroit pour rater autant de fois une cible immobile. D'Anceny semblait passablement en proie à l'inquiétude face à cette situation inattendue. Il avait l'arme du décédé entre les mains. Et le regard perdu dans les souvenirs. Le moment était vraiment bien choisi pour cela. Un mauvais pressentiment enveloppa Haley. Elle sentit la balle arriver et savait que celle-ci toucherait sa cible. Sans même réfléchir, d'un mouvement réflexe, elle se jeta sur l'écrivain, le plaquant au sol. La balle traversa l'épaule d'un intervenant qui s'enfuit en hurlant. Un peu assommée par l'enchainement des évènements, la jeune femme se redressa. Ses joues si pâles prirent alors une jolie teinte rouge très soutenu. Elle était affreusement gênée. D'autres balles sifflaient autour d'eux, l'une d'elle lui frôla la nuque. Cette caresse froide de la mort la tira de ses pensées confuses. Elle se releva et tendit la main à l'écrivain. Il fallait partir. Une fois debout, elle l'emmena dans une ruelle sombre. Une balle se ficha dans un mur. Haley marmonna de sa voix grave au ton calme et posé face à ce climat meurtre.

Haley : - Il est diablement tenace, votre assassin. Venez.

Sans lui demander son avis, elle attrapa D'Anceny par la manche et l'entraina suffisamment loin dans un dédale de petites rues pour que le sniper ne puisse plus les atteindre. Elle ne se faisait pas d'illusions. Si un sniper avait été envoyé sur place, il y avait forcément d'autres tueurs répandus dans la ville pour parer à toute tentative de fuite. En tout cas, cela lui semblait logique. Réfléchissant à toute vitesse, elle continuait de marcher, ayant lâcher la manche de l'écrivain. Il fallait qu'ils trouvent un endroit où se poser, quelque chose, n'importe quoi. Au nom de la littérature, la jeune femme ne pouvait pas laisser un auteur se faire tuer en pleine rue dans cette ville maudite. Ville maudite. La conférence la poursuivait même après sa fin. Décidément, sa soirée était loin d'être aussi morne que ce à quoi elle s'était attendue. Elle fut tirée de ses pensées assez brusquement : son estomac lui rappelait qu'il était l'heure de manger. Confuse, elle balbutia des excuses. Un bruit de pas. Une silhouette surgit derrière eux. Un tir. Qui les rata de peu. Haley récupéra la manche de D'Anceny et reprit sa course, ne sachant même pas où elle se rendait. Ses pas la menèrent automatiquement dans les quartiers Est, un terrain de jeu qu'elle connaissait bien mieux. Passant devant la cathédrale, elle se sentit rassurée par sa présence imposante et sombre, les gargouilles la suivirent un instant des yeux. Peu à peu, elle reprenait ses habitudes acquises durant ses années de service à la Mafia russe. S'engageant dans une ruelle, elle s'arrêta. Plusieurs étages au-dessus, elle vit la tête de son chat qui regardait en bas.

Haley : - Active boule de poil !

La tête disparut. Haley avait réussi un véritable exploit dans l'éducation de son chat, la seule chose qu'il réussissait à faire. Il trottina jusqu'à la table de nuit, attrapa le beretta et le traina par une petite corde attachée à la crosse jusqu'à la fenêtre. En bas, la jeune femme reculait lentement, les poursuivants approchaient. Un miaulement. Son arme lui tomba dans la main juste au bon moment. Elle descendit un homme qui le visait juste avant qu'il ne tire.

Haley : - Je vous propose de tous les descendre, parce qu'il se trouve que j'ai faim et pas très envie de courir toute la soirée.

Impassible, tenant un autre poursuivant en respect, elle avait un regard terrible. Haley était énervée, non pas contre l'écrivain puisque ce n'était pas de sa faute, mais contre les pots de colle qui le pistaient avec l'intention de le tuer. Et puis, quand elle avait faim, la jeune femme devenait un monstre de cruauté.
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Alexandre H. D'Anceny
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MessageSujet: Re: Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau   Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau Icon_minitimeMar 1 Mar - 3:09

Alors, petit Alec, tu en es capable?

Ce n'est pourtant pas si compliqué. Il faut prendre l'arme bien en main, ensuite planter ses appuis correctement. Ce n'est pas uniquement ton bras qui encaisse ton coup, mais bien tout ton corps. Il faut que l'énergie cinétique déployée aille bien se disperser dans la terre, se diffuse avec bonheur, et non s'accumule dans tes rotules. Là, ça risque de faire mal, et ça pétera d'un coup, sans prévenir. Fais-moi confiance, petit Alec, je sais de quoi je parle. Je tiens tout cela de ton arrière-grand-père. Tu sais bien, il était dans l'IRA. Et lui, il se battait pour sa patrie. Il était fier. Il aurait voulu mourir sur le champ de bataille, la plus grande récompense pour un guerrier de la liberté.


La voix de son père raisonnait encore à ses oreilles. Il se souvenait de ses paroles. Pourtant, cela faisait des années... Il avait quel âge, quand il a tiré pour la première fois? Une dizaine d'années, pas plus. Son père avait un terrain de chasse, près de Belfast. Une espèce de parc, autour du château ancestral, avec une cabane. C'est là-bas qu'il apprenait au petit Alexandre comment armer un fusil, quand bloquer sa respiration pour stabiliser sa visée et comment anticiper les réactions d'un ennemi. Il avait appris tout cela à l'âge tendre où il apprenait également à écrire. Pendant les vingt-cinq premières années de sa vie, disons que ce sont plutôt les flingues qui se sont exprimés en lui. Et les huit dernières son goût pour l'écriture. Peut-être avait-il raté sa vocation après tout... Peut-être aurait-il dû être réellement un écrivain. Ses bouquins plaisaient et...

Et son souffle fut coupé par une jeune femme qui se jetait sur lui. Hé, en règle générale, il y avait un gardien qui le protégeait, ou on lui jetait des petites culottes, à défaut, mais de là à physiquement l'enlacer pour le faire tomber et...

Et merde, c'était Haley James. Elle venait de lui sauver la vie. Il eut du mal à se rendre compte de cela : il tourna la tête et regarda la balle s'enfoncer dans l'épaule d'un intervenant (oups, désolé, André Green) et se rappela qu'il était bien dans la réalité, et qu'on tentait d'intenter à ses jours, oh, paronomase.

Haley : - Il est diablement tenace, votre assassin. Venez.
Alexandre : - Pardon? Mais...

Elle le tirait par la manche, ce n'était donc pas négociable. Il regarda avec impuissance le cadavre de son contact disparaître progressivement, tandis qu'ils s'enfonçaient dans les ruelles de la ville. Il tenait encore le pistolet entre ses mains. Les balles filaient. Il rentra instinctivement le cou dans les épaules pour essayer d'éviter de perdre la tête. Il la suivait en courant, serrant contre sa poitrine son arme. Hébété, il se trouva dans les quartiers Est sans trop comprendre ce qui était arrivé. C'est fou comme les réflexes partent vite...

Haley : - Active boule de poil !

Quoi? C'était juste surréaliste. Un chat. Un chat qui balançait une arme à sa maîtresse. Mais bordel, quel genre de femme était Haley James? Pourquoi personne ne pouvait être ce qu'il prétendait être? Pourquoi les écrivains devaient-ils systématiquement se promener avec un flingue sur eux? Bon Dieu, il avait mal à la tête...

Alexandre : - Je....
Haley : - Je vous propose de tous les descendre, parce qu'il se trouve que j'ai faim et pas très envie de courir toute la soirée.
Alexandre : - M'appelle Alexandre D'Anceny.

Il soupira. Il regarda l'arme. Il avait besoin de parler. C'était pas possible, on ne pouvait pas rester de marbre face à une telle situation.

Alexandre : - Je leur avais dit que je ne toucherai plus à une arme. Mon dernier échec a été trop cuisant. L'oeil de l'aigle s'était refermé. Alors bon...

Il leva la tête, regarda les assaillants. Instinctivement, il sentait quelque chose se former dans sa gorge, puis une pensée germer dans son esprit.

Ils sont à 3h, 4h et 8h. Ils sont armés, mais pas assez pour t'égratigner, l'Irlandais. Ils sont 5 pour l'instant, mais leurs copains vont arriver. Alors bouge.

Un nouveau soupir.

Alexandre : - Les hommes qui nous tirent dessus font probablement partie d'une des milices de William Larkin. Il aime bien venir m'emmerder. Je devais rencontrer quelqu'un ce soir, qui m'en aurait dit un peu plus sur cette ville détestable. A croire qu'elle n'est pas d'accord.

Evidemment, il disait cela sur le ton de la plaisanterie, autant qu'il était possible, alors qu'on se fait canarder dessus et que des gens étaient blessés et peut-être morts. Il ignorait toute la portée de ses paroles.

Alexandre : - En tout cas, je suis content de vous avoir trouvée, mademoiselle.

Il lui adressa un sourire qui pouvait paraître complètement déplacé dans cette période de tension. Puis, il releva la sécurité, considéra l'arme. Il la rangea dans la poche de sa veste.

Alexandre : - Non, je ne peux pas faire ça... Venez.

Il la saisit à son tour par la manche et prit la première bouche de métro qui passait. Il se hâtait, mais dans la foule, il y avait moyen d'échapper aux regards, ou plutôt de repérer les hostiles. En général, ce sont des hommes de grande taille à l'air patibulaire, chauves de préférence, en costume, un peu comme les agents dans Matrix. Tiens, en voilà un. Il correspondait bien à sa description. D'ailleurs, son poing arrivait vite vers sa figure. Misère.

Il saisit le poing dans ses mains, dévia juste légèrement la trajectoire. Ce simple geste, qui finalement ne coûtait presque pas d'énergie, suffit à déstabiliser le colosse, et déplaça son barycentre de quelques centimètres, ce qui changeait toute la donne. Surpris, il laissa échapper un grognement.

Quand il se battait, Alexandre D'Anceny avait un style particulier, comme s'il dansait, chacun de ses gestes étant parfaitement coordonné avec le suivant et le précédent, dans une chorégraphie mortelle. Il était si rapide que l'oeil avait du mal à le suivre, et dans ces moments de libération, son regard et son visage étaient figés dans une expression de calme impénétrable. Il décocha un violent coup de pied derrière la rotule du géant, le forçant à se précipiter à terre. D'un coup de poing bien placé il enfonça deux de ses côtes et d'un revers de crosse, il l'assomma.

Alexandre : - Voilà une bonne chose de faite.

La foule paniqua. ENCORE. Il se tourna vers eux, fatigué, et beugla :

Alexandre : - Mais c'est pas vrai, vous pouvez pas arrêter d'être aussi con parfois?!

Evidemment ces idiots ne l'écoutaient pas. Son regard tomba sur un autre colosse, autrement plus grand et impressionnant, une expression déterminée sur le visage. Celui là allait faire mal. Heureusement, le métro arrivait. Il saisit Haley par le bras et courut vers le quai, qui était en contrebas. Ils se trouvaient comme sur un pont. Le gros allait les rattraper et la rame allait partir. Merde.

Il s'arrêta en plein milieu de sa course. Il estima la chute qu'ils allaient devoir faire, comment il faudrait se réceptionner, surtout qu'ils étaient en tandem... Bon, ça devrait le faire.

Alexandre : - J'espère que vous n'avez pas le vertige.

Il la saisit par la taille, doucement, l'attira contre lui, et sauta dans le vide. Une chute de trois mètres, ce n'était pas grand chose. Il s'enroula habilement autour d'Haley, et se réceptionna parfaitement. Ne lui laissant qu'à peine le temps de souffler, il l'entraîna dans la rame. Le colosse était largué, et il pouvait voir son regard vexé à travers la porte du métro qui venait de se refermer.

Oui, c'était peut-être étonnant. De parfois imbécile heureux, Alexandre était passé à une machine à réagir aux évènements avec rapidité et calme. Il passa une main dans ses cheveux, se grattant la tête.

Alexandre : - On ne peut pas dire que nos circonstances de rencontre soient des meilleures...

Il sourit.

Alexandre : - Vous me dites que vous avez faim, et nous sommes à environ cinq stations de chez moi. Je vous invite à dîner? Ne prenez pas cela pour des avances.

Un nouveau sourire en coin, un peu timide, un peu charmeur.
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MessageSujet: Re: Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau   Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau Icon_minitimeMar 1 Mar - 23:59

Haley s'était attendue à n'importe quoi. Une terrible fusillade. Une attaque surprise de snipers. Un bombardement. Des chiens enragés lancés à leur poursuite même. Enfin, à tout un tas de suppositions rocambolesques. Mais pas à ce qui se passa. L'écrivain avait l'air un petit peu à côté de la plaque. Ce qui peut être parfaitement compréhensible compte tenu des circonstances. Son étonnement fut d'ailleurs grand quand il vit le chat jeter l'arme à la jeune femme, cela aussi, elle le comprenait, après tout, c'est un tour assez rare.

Alexandre : - Je....
Haley : - Je vous propose de tous les descendre, parce qu'il se trouve que j'ai faim et pas très envie de courir toute la soirée.
Alexandre : - M'appelle Alexandre D'Anceny.

Oui, le célèbre auteur de romans policiers était perturbé. Ce n'était pas le moment pour faire des présentations. Bien que la jeune poète en eut envie, une telle figure de la littérature ne se croise pas ainsi tous les jours dans la rue, et encore moins en de telles circonstances.

Alexandre : - Je leur avais dit que je ne toucherai plus à une arme. Mon dernier échec a été trop cuisant. L'oeil de l'aigle s'était refermé. Alors bon...

Il parla d'échec. Qu'est-ce que cela signifiait ? Il avait donc déjà eu une arme entre les mains, et devait par conséquent savoir s'en servir. Un échec entrainant souvent un dégoût de soi, cela voudrait dire qu'il n'avait pas l'intention de se servir de son pistolet. S'il n'avait pas, ne serait-ce que l'idée, de tirer sur les poursuivants...

Nous allons avoir un gros problème... Damned.

Imperturbable dans son monologue, D'Anceny continua.

Alexandre : - Les hommes qui nous tirent dessus font probablement partie d'une des milices de William Larkin. Il aime bien venir m'emmerder. Je devais rencontrer quelqu'un ce soir, qui m'en aurait dit un peu plus sur cette ville détestable. A croire qu'elle n'est pas d'accord.

Haley : - Je confirme qu'il aime bien vous emmerder. Le problème, c'est qu'il m'emmerde moi aussi. Allez savoir ce que la ville a fait dans le cerveau sans doute détraqué de votre William Larkin.

Elle avait marmonné cette remarque entre ses dents, abattant froidement deux téméraires qui tentaient une approche. Ce n'était plus la même Haley James. Celle qui avait pendant longtemps servie de « nettoyeuse » aux maffioso russes reprenait rapidement ses marques face aux colosses qui voulaient tuer l'écrivain, et elle aussi sans doute puisque jusqu'à présent c'était elle qui les descendait tous. A côté d'elle, D'Anceny semblait encore en proie à la réflexion, regardant son arme dont il avait relevé la sécurité. Allait-il tirer ? N'allait-il pas tirer ? To shoot or not to shoot. Il redressa la tête et lui offrit un sourire.

Alexandre : - En tout cas, je suis content de vous avoir trouvée, mademoiselle.
Haley : - Comment cela ?

Elle le regardait, incrédule. Une balle manqua de peu de lui déchirer la manche droite de son manteau. Et son estomac se révoltait contre ce contre-temps scandaleux. Alexandre avait rangé l'arme dans sa poche.

Alexandre : - Non, je ne peux pas faire ça... Venez.
Haley : - Quoi ?
Avant même qu'elle n'ait eu le temps d'exprimer un quelconque avis contre cette décision de replis imprévu, l'écrivain l'avait attrapé par la manche (chacun son tour visiblement) et se mettait à courir. Il s'engouffra dans la première bouche de métro qui ouvrait sa gueule descendant dans les entrailles de la ville. La jeune femme comprenait bien que la foule les aiderait à masquer leur fuite mais cette espérance fut réduite à un petit rien quand l'archétype du méchant se présenta à eux, son poing volumineux fonçant directement dans le nez de D'Anceny. Nez qu'il n'atteint pas, bien heureusement. En quelques fractions de secondes, le géant était allongé sur le sol, assommé d'un coup de crosse, inerte. Haley avait regardé la scène comme on regarde un accident qui se produit. Les cris stridents et les mouvements de foule reprirent, emplis par l'écho des murs carrelés du métro. Tout ce bruit vrillait les tempes de la jeune femme. Fuyant avant toute chose le contact humain, elle prenait son second bain de foule de la soirée. La prochaine fois qu'elle s'ennuierait, c'était clair, elle louerait un DVD.

Mais qu'est-ce que je fais ici moi ? Qu'est-ce que je fais ici ? Qu'est-ce que je fais ici...


Le sosie du premier colosse, mais en deux fois plus grand et trois fois plus large débarqua au milieu de cette suite de questions sans réponse. Assez impressionnant du reste, avec son regard mauvais et abruti, son air patibulaire et son visage de bon chien féroce. Redoutable. L'écrivain reprit sa manche et l'entraina sur un pont qui surplombait les railles du métro. Le molosse les suivait de près derrière. Et ce fut à cet instant précis, qu'il y eut un enchainement improbable et perturbant pour la poète.

Alexandre : - J'espère que vous n'avez pas le vertige.
Haley : - J'espère aussi. Pourquoi ?... Ah non, non !

Trop tard. Il l'avait attiré contre lui. Ce brusque contact la gêna terriblement. Ce qui la dérangea un peu plus, ce fut son saut de trois mètres dans le vide. Dans le feu de l'action, elle avait déjà sauté plus haut que cela. Mais dans l'état actuel des choses, Haley était sujette au vertige. Pour le coup, elle n'eut pas d'autre choix que de suivre D'Anceny. Se serrant instinctivement contre lui, elle passa ses mains autour de sa nuque. L'une d'elle serrait fermement le beretta. Ainsi la jeune femme se vengea de sa frayeur en offrant une balle au géant. Le bruit du tir fut masqué par les éclats métalliques d'un métro qui arrivait sur une autre voie. En voyant la brute regarder stupidement l'épaule qu'elle venait de toucher, la tireuse fut soulagée un dixième de seconde. Son cœur cognait dans sa poitrine, voulant absolument échapper à cette sensation de chute interminable. Pourtant, trois mètres, ce n'était pas très long à sauter. L'écrivain se réceptionna avec souplesse et élégance avant de l'entrainer dans la rame. Troisième bain de foule. Cela commençait à faire beaucoup pour ses nerfs, qui étaient déjà sérieusement ébranlés par son saut dans le vide.

Alexandre Honor D'Anceny venait de passer de l'écrivain beau gosse mais un peu perdu face aux tirs adverses à une espèce de professionnel qui avait parfaitement bien maitrisé la situation.

Pourquoi ne suis-je pas restée chez moi ? Bon dieu...demain soir je ne bouge pas de mon canapé...


En face d'elle, l'écrivain avait reprit son air de calme qui était sans doute le plus connu.

Alexandre : - On ne peut pas dire que nos circonstances de rencontre soient des meilleures...
Haley : - Non, en effet.
Alexandre : - Vous me dites que vous avez faim, et nous sommes à environ cinq stations de chez moi. Je vous invite à dîner ? Ne prenez pas cela pour des avances.
Haley : - Volontiers. Au fait, j'en ai oublié de me présenter moi aussi. Haley James. Je suis enchantée de faire votre connaissance, bien que la situation se soit révélée quelque peu surprenante.

A vrai dire, Haley n'était plus préoccupée par sa faim ni par le fait d'avoir un grand écrivain en face d'elle. Une boule d'angoisse s'était formée dans sa gorge. Peut-être était-ce un peu trop d'un coup. L'entassement humain dans un wagon de métro fleurant bon la transpiration, les parfums bon marché ou haute gamme et les renvois gastriques, la bousculade à chaque station, tous ces êtres qui cherchaient à s'accrocher à quelque chose ou même quelqu'un pour ne pas tomber, l'assemblage de tous ces petits riens donnait un moment de panique à la jeune femme. D'une main un peu tremblante, elle enleva son écharpe ayant l'horrible sensation d'étouffer. Sa pâleur s'accentuait, son regard si sombre semblait lui-même pâlir. Un voile léger lui tomba devant les yeux.

C'est pas le moment !!


Elle secoua doucement la tête, ne sachant comment faire pour échapper à tous ces contacts permanents, insupportables pour elle. L'évidence de se voir, de se savoir, bloquée là pour trois stations encore excita un peu plus ses nerfs à vif. Haley regardait presque fiévreusement les arrêts défiler. Plus que deux. Plus qu'un. C'est bon. Ils descendirent. La station était, certes, pleine de monde, d'une nouvelle foule opaque, mais cela la dérangea beaucoup moins que la compression d'une cinquantaine d'êtres dans un seul wagon de métro. Sans y prendre garde, elle s'appuya légèrement contre l'écrivain, bousculée par des hommes d'affaires pressés de conclure. La poète murmura d'une voix blanche, torturée par un puissant désir d'air frais.

Haley : - Sortons, je vous en prie.
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Alexandre H. D'Anceny
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MessageSujet: Re: Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau   Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau Icon_minitimeDim 6 Mar - 23:13

Il l'avait sentie se raidir contre lui lorsqu'il avait tenté son saut. C'était normal. Après tout, ils ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, peut-être seulement via quelques affiches et pubs entre maisons d'édition, mais physiquement, ils ne s'étaient jamais rencontrés. Et une femme se faisait difficilement approcher ainsi par un homme. Surtout une femme de cette qualité... C'était un geste audacieux, c'était évident. Mais que serait une vie sans un peu d'audace? Pour la première fois de son existence, il avait l'occasion de montrer qu'il n'était pas seulement un écrivain à succès à peine plus intéressant que Marc Lévy, à une femme, et une jolie femme de surcroît. Il avait déjà fait montre de ses impressionnantes capacités physiques, mais à ses ennemis. Il agissait dans l'ombre. Et voilà que le hasard mettait sur sa route cette charmante demoiselle.

Après réflexion, la demoiselle était certes charmante, mais elle n'était pas innocente. Loin de là. Elle maniait avec assurance son arme, et abattait des gens sans état d'ame. Il le sentit, lorsqu'elle tira de nouveau par-dessus son épaule, durant sa chute héroïque. Il la rapprocha de lui, la pressa contre sa poitrine, et présenta son dos au sol, en boule. Il l'aida à se relever.

Visiblement, elle n'était pas à l'aise avec la foule. Mais il aurait été malavisé de s'arrêter, pour lui dire qu'il était désolé, et qu'ils pouvaient éventuellement trouver un autre chemin. Ils étaient sur ses talons.

Mais que voulait lui dire son contact? Que pouvait-il lui livrer sur Larkin, sur ce qu'on lui voulait, sur la ville... Il voulait savoir et voilà que son contact était mort, tué en pleine rue. Il fallait absolument qu'il parvienne à retrouver le cadavre, qu'on lui laisse examiner les affaires, trouver des indices. Il fallait sortir d'Arkan, à n'importe quel prix.

Elle était tendue. Il le sentait. Tandis qu'il marchait rapidement vers le quai du métro, il y avait un phénomène étrange qui s'était emparé du jeune écrivain. Il voyait tout comme si le temps s'étirait, tous ses sens en alerte, saisissant à la fois toutes les perceptions, mais également les sentiments. Ces visions, presque colorées, lui donnaient mal au crâne. Il serra brièvement les dents.

Il le sentait à la fois dans tout son être, mais aussi dans le son de sa voix, dans ses intonations, dans ce discret accent inquiet, dans sa façon de respirer. Pendant une seconde, il eut la conviction qu'il était connecté plus profondément que ce qu'il pensait à la jeune femme. Elle était apparue dans son monde. Brutalement, mais elle avait transcendé la brume dans laquelle Alexandre était prisonnier, elle l'avait inondé de sa présence et c'était comme s'il reprenait possession de ses sens et de son corps.

Il aurait voulu la serrer doucement contre lui, la rassurer, lui parler. Mais non. Malgré l'intuition de leur connexion, rien ne le vérifiait. Il avait peur de l'effrayer, de passer pour un vieux pervers. L'étiquette l'interdisait.

Ils sortirent. La jeune femme donnait l'impression de se décomposer à vue d'oeil. Il se hâta. L'appui qu'elle prit sur lui le surprit grandement. Il n'en laissa rien paraître, passa même son bras autour d'elle, en lui adressant un regard protecteur. Il était là. Rien ne pouvait lui arriver. Jusqu'ici, il était apparut comme étant une sorte de mauviette à côté de la plaque, jusqu'à ce qu'il démonte proprement le colosse. Il était encore capable de nombreuses autres prouesses, et il n'hésiterait pas à en faire montre, surtout depuis qu'il avait vu la jeune femme à l'oeuvre, sans aucun souci de préserver une quelconque couverture.

Il continuait de rester près d'elle, tandis qu'ils marchaient. Le regard qu'il lui avait adressé était non seulement protecteur, mais lui enjoignait à lui faire confiance. Il était plus grand que la jeune femme. Sa démarche assurée, presque dansante, était rassurante, et sa main posée sur son épaule dégageait une douce chaleur apaisante. Il la guida jusqu'à chez lui, à son appartement, situé au dernier étage d'un immeuble du nord de la ville, ayant vue sur l'université et les maisons des confréries. Il lui ouvrit la porte.

Alexandre : - Faites comme chez vous, je vous en prie.

Il lui sourit aimablement. L'appartement était plutôt grand, à la décoration un peu désuète. Deux grandes bibliothèques en bois recouvrent le mur de son salon, croulantes de livres. Sur la table basse, une vieille platine était branchée, avec tout un tas de vieux vinyls. Il flottait une odeur de tabac brun discrète dans la pièce. C'est l'appartement d'un homme seul depuis trop longtemps, avec un ordre artificiel. Sur le bureau en bois massif, une machine à écrire trône, à côté d'un macbook pro. Des cendriers remplis de mégots sont un peu partout.

Alexandre : - Vous voulez que je commande à manger, une pizza, chinois, ou un truc de gastronomie française, ça a ouvert récemment?

Il prit son manteau, le suspendit, et revint vers elle en souriant. Il s'assit à un autre bureau qui était près de la porte d'entrée. Il appuya sur un bouton invisible sur la surface. Un panneau coulissa, et un écran sortit. Un clavier, fixé à un autre panneau, pivota, et Alexandre pianota dessus. Il fit apparaître quatre caméras de sécurité, situé en bas de l'immeuble et dans les couloirs.

Alexandre : - Personne ne nous a suivi... C'est étrange. Ils ont déjà jeté l'éponge. C'est toujours comme ça. Comme si, une fois sortis de leur périmètre, ils n'en avaient plus rien à faire de nous.

Il la regarda.

Alexandre : - Impressionnante performance. C'est ce qu'on nous apprend à Vienne?

Il esquissa un sourire.

[HRP : Tu veux répondre, ensuite on poursuit dans l'appartement d'Alexandre? =]]
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MessageSujet: Re: Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau   Amphithéâtre Shakespeare : le Corbeau Icon_minitimeMar 8 Mar - 0:15

Lorsqu'elle fut à l'air libre, Haley se sentit immédiatement mieux. Ce fut comme une grande claque qui la ramena à la réalité. La nuit tombait tranquillement, l'obscurité approchait, repente et vicieuse. Les portes d'un autre monde frémissaient doucement dans l'attente de s'ouvrir pour vomir un flot de créatures nocturnes. La jeune femme préférait encore croiser des drogués que de se retrouver à nouveau prisonnière d'une foule compacte. L'écrivain avait passé un bras autour de ses épaules, avec un regard rassurant. Il devait sans doute sentir son malaise. Après quelques minutes encore dans le brouillard, Haley se souvint du beretta qu'elle tenait à la main. Elle le rangea rapidement dans son sac, entre deux livres. Toute une vie d'aventure s'était compressée pour tenir en une seule soirée. Incroyable. Elle était persuadée que cela n'arrivait que dans les films. Visiblement, la vie à Arkan tenait du thriller et de l'horreur.

Cette ville est charmante...


Le contact de cette grande main sur son épaule lui occupait l'esprit. Sa sensibilité habituelle s'en était prise plein la figure en peu de temps. Malgré ses années passées dans la mafia, Haley était restée une jeune femme particulièrement sensible au contact, la délicatesse de sa poésie venait de là. Elle se sentait à cet instant parfaitement incapable d'écrire ou de peindre quoique ce soit. Les quelques passants des rues étaient encore de trop. Et si l'un d'eux s'approchait, elle perdrait définitivement le contrôle qu'elle exerçait avec férocité sur ses émotions violentes. Avec son ancien métier, elle avait appris à maitriser sa colère, sa haine, pour mieux les canaliser et les exploiter. En quelques temps, sa misanthropie s'était surdéveloppée. Elle évitait de s'attacher, tout d'abord par que l'affection faisait souvent faire des bêtises, ensuite pour lâchement fuir la souffrance d'une mort ou d'une séparation brutale. La jeune femme avait conscience que c'était une faiblesse immonde, qu'elle prenait soin de cacher proprement sous son laconisme habituel ou sous un faux-sourire franc et joyeux.

Ils arrivèrent devant un haut immeuble, toujours dans les quartiers nord de la ville. L'écrivain habitait au dernier étage, profitant d'une belle vue sur la l'université. La première chose qui frappa Haley en entrant ne fut même pas la bibliothèque tout à fait impressionnante que possédait D'Anceny, mais le parfum de tabac brun et de solitude qui flottait dans l'air. Une fragrance discrète qui se posait sur chaque objet avec légèreté.

Alexandre : - Faites comme chez vous, je vous en prie.

Haley : - Je vous remercie.

Elle fit un pas en avant, promenant son regard autour d'elle avec un calme retrouvé. Et cette odeur. Cette odeur obsédante qui était partout. Son regard tomba sur la machine à écrire. Elle s'approcha silencieusement du bureau où elle reposait, ses doigts suivirent lentement les courbes de la machine, sautèrent d'une touche à l'autre en imaginant la mélodie rythmée qu'elles devaient produire lorsqu'elles entraient en action. Ce parfum qui semblait si particulier à l'appartement se condensait autour de ce bureau. Haley ferma un instant les yeux, savourant ce concert de sensations si imperceptibles pour le commun des mortels, qui n'y prêtait absolument pas attention du reste.

Alexandre : - Vous voulez que je commande à manger, une pizza, chinois, ou un truc de gastronomie française, ça a ouvert récemment?

Haley : - Prenez ce que vous souhaitez manger, monsieur. Je ne veux pas abuser de votre amabilité.

L'écrivain se redirigea vers un bureau situé dans l'entrée et dévoila du matériel de vidéo surveillance tout à fait remarquable, le tout camouflé derrière un panneau coulissant.

Alexandre : - Personne ne nous a suivi... C'est étrange. Ils ont déjà jeté l'éponge. C'est toujours comme ça. Comme si, une fois sortis de leur périmètre, ils n'en avaient plus rien à faire de nous.

Haley : - Ce n'est pas plus mal. Je déteste être dérangée au dîner.

Alexandre : - Impressionnante performance. C'est ce qu'on nous apprend à Vienne ?

Haley pinça des lèvres, devenant un instant une statue de glace. Il y a peu de temps encore, elle aurait dû le tuer pour avoir été un témoin de ses aptitudes. A présent, cela ne l'inquiétait plus. Dans le pire des cas, elle finirait une balle dans la tête, étalée sur un trottoir et les passants passeraient jusqu'à que l'un daigne appeler une ambulance. Ou la morgue.

Haley : - J'ai appris la Littérature à Vienne.

Ne souhaitant pas s'étendre sur un sujet enfermé à double tours dans un coffre blindé au fond de son esprit, elle détourna la tête. Ses pas se dirigèrent enfin vers la bibliothèque. Une étincelle presque amoureuse s'alluma dans son regard tandis que ses doigts glissaient le long des couvertures. Les livres étaient imprégnés du parfum de tabac brun. Des vers lui venaient spontanément aux lèvres. Elle se tut pourtant, jugeant le moment et l'endroit mal choisis.

Soudain elle revint à grands pas vers D'Anceny. Quelque chose venait de faire tilt dans sa tête. La chute. Elle se planta derrière lui, un sourcil levé, restant silencieuse. Haley posa ses doigts sur sa nuque et suivirent lentement le chemin de la colonne vertébrale sous le tissu. Elle s'arrêta à une zone précise, y posant sa main dans un contact très léger.

Haley : - Dites moi, à tout hasard, depuis votre saut dans le métro, n'auriez-vous pas un peu mal dans cette zone là ?

[HRP : Ça me va =) ]
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